19 mai 2019
Douleur et gloire, film de Pedro Almodovar
Les aficionados (comme moi) de Pedro Almodovar ne seront pas dépaysés ...
Toujours aussi baroque, rebelle, melo, flamboyant, excessif, provoquant qu'il y a trente ans ... Cependant l'évolution de la société, en particulier espagnole, nous le rend aujourd'hui tout à fait fréquentable. Dire que le réalisateur se met en scène et nous raconte son enfance est donc un truisme.
Comme dans tous les films que j'ai aimés : Tout sur ma mère, La mauvaise éducation, Volver, La piel que habito, Julieta, Femmes au bord de la crise de nerfs, Attache-moi, Talons aiguilles, Kika, La fleur de mon secret, Parle avec elle, Etreintes brisées ... mais j'oublie Les amants passagers.
Antonio Banderas, "double" de Pedro Almodovar incarne un réalisateur en panne d'inspiration. Cabossé, perclus de douleurs qui l'empêchent de se mouvoir et donc de tourner, il s'abîme dans la "chasse au dragon", c'est à dire dans l'addiction à l'héroïne.
A dire vrai, le scénario, fait de flash-backs sur l'enfance pauvre d'un enfant surdoué, est assez basique. Le film est émouvant par ses interprêtes - Penélope Cruz, honorée d'incarner la mère du héros, Asier Etxcandra, l'acteur qui lui a saboté un rôle trente deux ans auparavant, Léonardo Sbaraglia son ancien compagnon larmoyant maiqs qui a réussi sa vie avec des femmes ...- par les décors et les costumes toujours aussi composés, aux couleurs vives et aux graphismes éclatants (j'adore tout particulièrement le contraste turquoise/rouge).
Bref, un nouveau film plus intime, plus lent, au message évident : on vieillit seul, malgré un superbe appartement madrilène plein d'oeuvres d'art, souffrant, les stupéfiants vous font oublier le monde et sa violence toujours présente, mais étouffent la créativité. Le prénom du héros est salvador, ce n'est pas un hasard ... Bien moral tout ça !