10 juin 2019
La punition qu'elle mérite, polar d'Elizabeth George
Un polar un peu fuligineux, une intrigue un rien « gazeuse » …
Mais tout de même, ce vingtième épisode des enquêtes menées par Thomas Linley et Barbara Havers donne le plaisir de retrouver le duo atypique des deux flics londonniens. Un peu trop long sans doute aussi … et, comme la série précédente de l’auteur, axé sur la jeunesse.
L’affaire est celle d’une bavure policière : un diacre de l’église anglicane, accusé de pédophilie, est retrouvé pendu à une poignée de porte après qu’il ait été enfermé dans un commissariat désaffecté. La légiste conclut un peu vite à un suicide. Mais son père, qui a le bras long, remue ciel et terre pour disculper son fils de cette accusation anonyme.
Londres missionne la commissaire Isabelle Ardery pour vérifier si la procédure policière a été ou non respectée. Elle est assistée de Barbara Havers, sur la selette car elle ne suit jamais les consignes et risque une rétrogradation. Mais Ardery a aussi un gros problème personnel : l’alcool … De retour à Londres, Havers refuse de cautionner un rapport expurgé et l’inspecteur Linley va devoir recommencer l’enquête.
L’intrigue se déroule dans une ville universitaire à la limite du Pays de Galles : Ludlow dans le Shropshire. Et l’auteur nous plonge dans la vie des étudiants et des étudiantes qui pratiquent divers exercices peu académiques et parfois dangereux.
L’obsession d’Elizabeth George est une constante de ses romans : les addictions et leurs ravages : le sexe, l’alcool, les psychotropes. Et soulève une autre dérive : l’acharnement des parents à imposer leur volonté à leurs adolescents, les pousser à « s’en sortir », en particulier chez certaines communautés qui estiment avoir tout à prouver.
Au-delà de l’intrigue policière, décortiquée avec minutie comme toujours, l’auteur dresse plusieurs portraits-charge de mères abusives, de couples déglingués, de maris absents, de jeunes à la dérive abusant du sexe et de l’alcool, démolis parfois pour avoir subi dans leur prime enfance des traumatismes inoubliables. C’est donc, une nouvelle fois, un tableau de la société britannique actuelle, qui fait frémir …
La punition qu’elle mérite, polar d’Elizabeth George, traduit de l’anglais par Isabelle Chapman, aux Presses de la Cité, 672 p., 23,50€
Sur un thème similaire j’ai lu récemment Anatomie d’un scandale de Sarah Vaughan, chez Préludes. Milieu politique anglais, universités prestigieuses, procès pour viol compliqué... Pas de sang, rien de « gore » mais une intrigue tendue, un bon bouquin pour les amateurs de thrillers. Bon lundi à vous.