Un Franciscain chez les SS, récit de Géréon Goldmann
Si je n’avais pas moi-même retranscrit le témoignage de mon propre père sur ses années de guerre, je pourrais penser que cette histoire est fantasmée, inventée … Ce récit est en effet haletant, plein de rebondissements a priori incroyables. Mais à la guerre, tout est possible, y compris le pire.
C’est un témoignage particulièrement émouvant que celui de ce jeune allemand, né dans une famille nombreuse en 1916 – donc de 6 ans plus jeune que mon père – qui reçoit la vocation religieuse dès ses huit ans, et plongé dès 1933 dans la tourmente du nazisme auquel il n’adhère à aucun moment.
C’est surtout un témoignage de la foi qui soulève les montagnes, de l’incomparable confiance du narrateur envers la providence divine et de la force de la prière.
La guerre racontée au jour le jour par un jeune sous-officier allemand, c’est déjà une rareté, mais ses tribulations sur les différents théâtres d’opérations – la Pologne, le front russe, la campagne d’Italie, Montecassino … est d’une cruelle réalité.
La partie du récit la plus passionnante est celle qui porte sur son parcours en tant que prisonnier de guerre à partir de 1944, en particulier comme aumônier catholique dans les camps de prisonniers allemands en Italie puis en Afrique du Nord. Entre l’Algérie et le Maroc, au même moment où mes parents étaient là eux aussi …
Extraordinaire chance – ou providence divine - de cet homme courageux qui n’hésite jamais à braver les balles des Alliés pour apporter l’hostie aux soldats mourants, extraordinaire énergie que ce jeune séminariste déploie pour brûler les étapes et se faire ordonner prêtre, même s’il n’a pas subi tous les examens nécessaires, fantastique soutien de la prière de ces moniales qui l’on pris en charge par la prière et le sacrifice.
Une image tellement rare d’une époque de bouleversements, de haine, de fureur et de mort. Ce livre se lit comme un polar, la vie d’un homme vivant sa foi pleinement … un instant de bonheur !
N.B. : Claude avait lu ce livre avant moi en 2016, et l'avait déjà commenté ici, mais il vaut bien une seconde lecture !
Un franciscain chez les SS, témoignage de Géréon Goldmann, « Tödliche Schatten – Tröstendes Licht », publié aux éditions de l’Emmanuel (2015), 425 p., 9,90€