11 novembre 2019
La servante écarlate, roman de Margaret Atwood (1985)
Voici un nouveau mot à la mode : dystopie, et sa définition : un récit de fiction qui décrit un monde utopique sombre.
Depuis le roman d’anticipation écrit en 1949 par George Orwell « 1984 », plusieurs ouvrages de ce genre ont rencontré un vif succès (comme le dernier roman de Laurent Binet, par exemple, qui vient de se voir décerner le Prix de l'Académie française ...). Je me souviens qu’on nous avait vivement recommandé de lire Orwell en première année de Sciences Po. Utile avec le recul ...
La Servante écarlate a été publié en 1985 et s’est vendue à plus de 8 millions d’exemplaires. Une série TV américaine – avec Elizabeth Moos dans le rôle de Defred – en a été récemment tirée. J’en avais visionné le premier épisode, sans vraiment accrocher … Mais ce ne fut pas le cas du roman !
Nous voici donc plongés dans la dictature théocratique de la république de Gilead – il existe bien de nos jours une république islamique, n’est-ce pas ? – qui transforme les femmes en objets utilitaires, selon leur rang social – elles peuvent être Epouses de notables du régime, ou esclaves obligées de nettoyer des zones irrémédiablement polluées jusqu’à ce qu’elles en meurent, ou devenir des « ventres » palliant la chute drastique de la fécondité. Chaque caste est affublée d’un costume qui permet de les repérer – souvenons-nous de l’étoile jaune – et de contrôler leur activité obligatoire, comme leurs allées et venues. Mais pas leur pensée ….
Les « Servantes » sont vêtues intégralement de rouge, à part une coiffure empesée en forme de quichenotte, qui ne permet pas de voir leur regard. Elles sont allouées aux Commandants pour donner naissance à un enfant qui leur sera enlevé sitôt sevré, pour être élevé en batterie selon les préceptes de la croyance officielle … Un autre exemple de Lebensborn.
L'auteure, Margareth Atwood, est née en 1939. Elle explique n’avoir imaginé, dans son roman apocalyptique, que des faits qui ont existé dans un certain nombre de dictatures, contemporaines ou ayant sévi dans les siècles passés. Le mode de fonctionnement des dictatures à travers les âges comporte un certain nombre de constantes : les puritains de la Nouvelle Angleterre au XVIIème et XVIIIème siècles, le régime nazi, la traque généralisée de la STASI en Allemagne de l’Est, le régime stalinien, la Roumanie de Ceaucescu, les Talibans, le Cambodge … Dans la plupart des cas, les femmes y sont soumises, ravalées au niveau zéro de la liberté, le plus souvent sous le prétexte de la morale et de la pudeur.
En ces jours où l’on célèbre le trentième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, et où la Presse s’étripe autour la question du voile dans l’espace public, lire un tel ouvrage ne laisse pas indifférent : de telles horreurs, fruits maudits de manipulations politiques ou religieuses, existent ici et là, pourraient se reproduire ailleurs. La fin de ce conte cruel laisse entendre que la narratrice a réussi à fuir, mais rien n’est moins certain.
La servante écarlate – The Handmaid's Tale – roman de Margareth Atwood (1985), édité chez Robert Laffont collection Pavillons Poche, 522 p., 11,50€
Les testaments .
Paru en septembre 2019 ,ce livre est la suite de « la servante écarlate « . On y retrouve 15 ans après tante Lydia mais aussi Agnes de Gilead er Daisy du Canada . Leurs histoires s’emmêlent....
J’ai toujours trouvé la renommée de Margaret Atwood un peu surfaite ,elle a publié des dizaines de livres , des très bons comme des beaucoup moins bons et a su se faire un nom dans les milieux littéraires canadiens où elle récolte tous les prix .