02 décembre 2019
Otto Wagner, maître de l'Art Nouveau viennois à la Cité de l'Architecture
Otto Wagner (1841 - 1919), l'une des figures majeures de l'architecture au tournant des XIXème et XXème siècles, ou comment on échappe à l'académisme stérile de l'architecture éclectique pour évoluer vers une architecture répondant aux besoins des nouveaux modes de vie issus de la société industrielle.
Quelle époque épique pour les bâtisseurs !
A Paris, Haussmann remodèle la capitale, à Vienne on décide de construire le "Ring", ce boulevard circulaire le long duquel se dressent des foules de bâtiments fonctionnels, à la place des anciennes fortifications.
Chantiers gigantesques, financements sans limites et population urbaine en constante progression.
Pour Otto Wagner, l'ossature du bâtiment et sa "peau" ont rôle distinct. Cependant, déjà trop en marge de l'académisme, il se présente à tous les concours mais n'obtient jamais de prix. Ce qui ne l'empêche pas de réussir en construisant, en tant qu'architecte ou comme commanditaire, des immeubles de rapport. C'est donc une figure de la bourgeoisie viennoise qui réussit, se marie plusieurs fois ...
On reste médusé devant la précision et la beauté formelle des épures, des plans et des élévations pour une foule de constructions officielles : musées, églises, bâtiments publics ... qui resteront dans les cartons.
Mais pour son hôtel particulier ou ses maisons successives, le mobilier qu'il dessine, on admire la pureté progresive des lignes.
On imagine l'armée de jeunes apprentis pour tirer ces kilomètres de lignes ...
Otto Wagner enseigne à partir de 1894 et va former une pleïade de jeunes collaborateurs qui vont essaimer dans l'Europe entière, en particulier Adolf Loos et Joseph-Maria Olbrich.
A partir de 1897 apparaît le mouvement "Sécession" qui s'affranchit des normes de l'Académie, avec pour devise "A chaque époque son art, à l'art sa liberté".
C'est la version viennoise de l'Art Nouveau, avec Gustav Klimt, Egon Schiele, Koloman Moser.
Otto Wagner les rejoint en 1899. On retrouvera dans plusieurs édifices les collaborations chorales de ces architectes et designers.
Visionnaire, urbaniste soucieux de l'importance des réseaux de transport collectif dans le développement urbain, Wagner promeut les matériaux nouveaux comme l'aluminium, associé au marbre, comme dans son chef d'oeuvre de rigueur et d'élégance qu'est la Postsparkasse de Vienne avec sa magnifique verrière suspendue, et son mobilier d'une belle modernité.
Une exposition qui montre l'évolution d'une vision architecturale des classes possédantes, partant du pastiche du passé - l'éclectisme - et allant vers les lignes épurées du modernisme, une tendance qui perdure après la fin de l'Art Nouveau et se prolonge dans la période contemporaine.
Otto Wagner, maître de l'Art Nouveau viennois, exposition à la Cité de l'Architecture - 1, Place du Trocadéro - 75116 Paris, jusqu'au 16 mars. ouvert tous les jours sauf le mardi à partir de 11 H. 9€.
Une exposition qui me rappelle un séjour à Vienne consacré à l'architecture et aux lieux de tournage du "Troisième homme". Si vous passez par Bruxelles, n'oubliez pas d'admirer le palais Stoclet, mais de l'extérieur seulement car des problèmes de succession empêchent toute visite de l'intérieur. Le bâtiment moderne construit à gauche reprend certains éléments du palais et l'ensemble me paraît harmonieux.