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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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9 janvier 2020

Affaire terminée, j'arrive - Chapitre 1

Avant-propos

 

J’ai évoqué à maintes reprises le souvenir de mes parents, Jean et Lucie, dont l’amour a duré près de 70 ans jusqu’à ce que la mort les sépare. Tous les deux, ils me manquent toujours, comme ils manquent à ceux de leurs petits-enfants qui les ont connus. Nous les admirions beaucoup. Il y avait de quoi.

En 1993, j’ai retranscrit leurs souvenirs, Maman racontant devant un magnétophone, Papa ayant décidé, sur le tard, et à la suite de maintes demandes de notre part, de narrer la première partie de sa vie et plus particulièrement ses années de guerre, sur des cahiers d’écolier.

J’ai intitulé ce récit : « Affaire terminée, j’arrive ! », titre dont vous saisirez la signification plus avant. J’avais déjà retranscrit ces souvenirs une fois en 1993, mais le document d’origine s’était perdu, stocké sur une disquette devenue illisible. Je l’écris à nouveau aujourd’hui afin de le transmettre au-delà des membres de la famille qui en étaient les premiers destinataires.

Comme jadis, j’ai respecté le « style » simple de deux êtres d’exception, mais qui n’avaient bénéficié que d’un enseignement sommaire – encore que Maman ait été reçue première du canton à l’examen du certificat d’études. Ces documents – leurs diplômes du CEP – je les ai retrouvés. C’est terriblement émouvant. Et puis aussi, l’état de proposition de citation à l’ordre de Corps d’Armée établi au nom de mon père en août 1942, recopié en annexe.


Voici donc ces deux faces d’une même vie, souvenirs entrecroisés d’un autre siècle…
Je souhaite que vous preniez autant de plaisir à les lire que moi-même à m’y replonger.

 

 Marie-Pierre

 

 

 

 

Jean et Lucie

Chapitre 1 : Jean raconte

 

Afin de vous éviter de vous poser trop de questions sur moi, je vais essayer de vous communiquer tout ce qui me reste en tête de mes souvenirs d’enfance.

Je suis né le 29 septembre 1910, un jeudi et non un dimanche, comme voulait me le faire croire ma mère, signifiant par-là que c’est le jour des faignants. Cela se passait à Gap, Préfectures des Hautes-Alpes, au 16 de la rue du Centre où mon père, Joseph de son prénom, tenait magasin et entrepôts d’une entreprise de Travaux publics, et en particulier l’entretien des écoles et des bâtiments des Chemins de fer.

Mon père était né à Marseille le 21 août 1866 et avait deux sœurs, Anna et Blanche, celle-ci chanteuse à l’Opéra de Marseille. Je n’ai vu mon grand-père qu’une seule fois, ainsi que ma grand-mère, que je trouvais toute menue, alors que nous étions venus leur rendre visite dans leur appartement de la rue de Paradis où mon grand-père exerçait la profession de serrurier. Il nous montra la médaille de Meilleur Ouvrier de France que l’Etat lui avait décernée, puis, spécialement pour moi, les santons de Provence, de belle taille et bien rangés sur une armoire : c’était la première fois que j’en voyais de si beaux et leur aspect m’avait impressionné.

J’ai gardé un très bon souvenir de mon père, jamais en colère : il me semblait sévère, mais juste. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour dialoguer car il avait quarante-cinq ans lorsque je vins au monde, et quand j’ai eu dix ans et plus, il avait de graves soucis. Ma mère, Henriette Bernard, est née le 3 décembre 1893 à Gap, et était donc de vingt-sept ans sa cadette. Elle était très belle, mais certainement une femme-enfant. Les deux premières épouses de mon père ne lui avaient pas donné d’enfant…

Ma mère ne m’a pas semblé être une bonne gérante de la maison. Aussi, de temps à autres, éclatait un orage avec mon père et, avec elle, nous partions, frères et sœurs se tenant par la main, chez ses parents, soit à la Côte-Saint-André, soit à Culoz où son père était mécanicien de locomotive. Le séjour ne durait jamais longtemps car mon père venait nous rechercher, les bras pleins de cadeaux pour nous, et le retour était très agréable.

Gap était alors une ville de garnison. Dans ces années de la Grande Guerre, il y avait souvent des départs de renforts pour le front, et comme la caserne ne se trouvait pas éloignée de chez nous, j’entendais la musique militaire qui préludait à la cérémonie des adieux. Aussitôt, je sautais sur mon tricycle et Georgette ma sœur, de dix-huit mois plus jeune, montant debout sur l’essieu arrière et se tenant à mes épaules, nous partions, quelle que soit l’heure, le plus discrètement possible, direction : la musique !

Nous étions vite rendus à la caserne, puis c’était le départ vers la gare qui n’était pas non plus très loin, Pendant ce temps à la maison, c’était l’affolement car par-dessus le marché, nous revenions par des chemins détournés. Après plusieurs escapades, mon père arrivait directement à la gare, et c’était le retour à la maison, manu militari si l’on peut dire.

 

(A suivre )

 

 

 

Commentaires
M
Je me suis un peu embrouillée dans les générations... Jean raconte la vie de ses parents, donc de vos grands-parents ;-). Je retourne à la partie 2 qui est le récit de Lucie... <br /> <br /> (mon papa s'appelait Jean... et les sœurs de l'orphelinat l'avaient surnommé "Jean-Jean" par ce qu'il y avait beaucoup d'enfants portant ce prénom dans l'établissement et il fallait en trouver un second pour les distinguer...)
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N
Merci de nous offrir le plaisir de lire les mémoires de vos parents !
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M
C'est une bien émouvante histoire qui commence... et la photo en noir et blanc de vos parents est très belle... j'aime beaucoup le sourire de Lucie, votre maman... la maman de mon mari s'appelait aussi Lucie, ce qui signifie lumière... merci pour ce partage, chère Bigmammy, Je vais vite lire la suite arrivée ce matin;-)
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