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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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4 avril 2020

La Débâcle, roman d'Emile Zola

Alphonse_de_Neuville

 

C’est un temps de confinement propice à l'immersion dans les grandes œuvres de la littérature. Ce 19ème tome de la saga des Rougon-Macquart est absolument fantastique de réalisme, de précisions – parfois un peu ennuyeuses – d'un récit historique fondé sur une documentation scrupuleuse et une foule de témoignages qui sonnent vrai, dans toute l’horreur de ce conflit.

La Débâcle paraît en 1892, après L’Argent l’année précédente. Il aura été vendu à 265000 exemplaires en 1928. Zola sait que de très nombreux rescapés de ces héroïques combats sont encore là pour dénoncer ses éventuelles erreurs. La guerre de 70 est une terrible catastrophe, la fin d’un monde, une blessure politique jamais refermée.

On est au milieu des soldats comme dans un gigantesque panorama tels qu’on aimait à les peindre à cette époque. Comme dans un film à grand spectacle, dans les flots de sang et le crépitement sec des balles qui ressemblent à des volées de mouches, les cris des agonisants.

 

IMG_0857

Tout est là : les ordres et les contre-ordres, des officiers ignorant le terrain, incapables, irrésolus, lançant des offensives inutiles, les bobards, les difficultés de communication, les débats dans les états-majors, la faiblesse de l’Empereur déjà déchu de son commandement, malade, les yeux vitreux, souffrant, humilié … La chute de Sedan, le désastre de Bazaine à Metz.

La misère des soldats affamés, l’intendance qui n’est jamais au rendez-vous, la faim, le découragement, les canons aux roues enchevêtrées, la complication des mises en batteries, la détresse des chevaux affamés eux-aussi qui errent en troupes cannibales, les pillages, l’attente sous la pluie avec les sacs et les fusils si lourds, le soleil implacable, la souffrance des blessés qu'on ampute bientôt sans chloroforme. Le terrible dernier combat de la maison des dernières cartouches à Bazeilles (voir le fameux tableau d'Alphonse de Neuville).

Au cœur de cet enfer, deux personnages que tout oppose au départ : l’intellectuel révolutionnaire de pacotille, Maurice Levasseur et Jean Macquart, le paysan raisonnable, qui a déjà fait la guerre puisqu’il a été tiré au sort en 1852 et a gagné ses galons de caporal dans l'armée d'Afrique. De jour en jour, ces deux êtres si dissemblables vont se rapprocher, se sauver la vie l’un l’autre, se comporter en frères. C’est Jean qui représente le bon sens, l"ingéniosité, la générosité. Il incarne le côté conservateur de l’auteur, porte l’espoir du monde. Il a déjà connu – dans La terre – un terrible malheur familial.

La guerre de 70 puis la Commune ont fait l’objet de nombreux ouvrages. En particulier ceux de François Roth ou d’Hélène Lewandowski. La narration des batailles vaines autour de Sedan, dont j’ignore largement la topographie, m’a souvent rebutée. Cependant, les combats de rues dans Paris, la description de la Semaine sanglante de mars 1871 jusque dans les rues de mon quartier, m’ont passionnée.

Ce roman, où l’intrigue sentimentale occupe une part faible, est un monument de vérité, celui d’une guerre moderne non préparée, par des soldats mal équipés, mal commandés, terminée par un désastre politique dont les frustrations accumulées continuent à affleurer aujourd’hui. Une préfiguration hélas d’autres conflits (lire l’Etrange défaite de Marc Bloch) …

Un seul espoir : après ces terribles débâcles, la France s’est toujours relevée. Ne perdons pas espoir.

 

IMG_0858

 

Pas de référence précise à ce classique de la littérature du XIXème siècle disponible dans toutes les éditions de poche. Un des volumes de ma collection des œuvres complètes d’Emile Zola, qui occupent tout un rayon de ma bibliothèque depuis plus de 50 ans.

Commentaires
J
J'ai lu la série des Rougon-Macquart dans ma jeunesse mais je prenais les ouvrages à la bibliothèque du lycée, vous m'incitez à les relire mais il faudra attendre la fin du confinement.<br /> <br /> Bonne journée
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B
Le hasard fait que je viens de terminer le 3ème tome de la trilogie de Lemaître, Miroir de nos peines, qui se déroule entre mai et juin 1940. Même aveuglement du commandement, mêmes conséquences pour les soldats sur le terrain...<br /> <br /> Cette période incite à reprendre ces classiques, une biographie de Giono, prix Femina Essai 2019, m’a rappelé que je devrais relire Le grand troupeau, sur la Grande Guerre.<br /> <br /> Merci de la lecture quotidienne que vous nous offrez, protégez vous bien.
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S
Vous êtes bien courageuse, Bigmammy, de vous plonger dans Zola.<br /> <br /> La lecture imposée de Zola dans ma jeunesse, m'a dégoûtée de lui à tout jamais.<br /> <br /> Par contre vous me donnez envie de relire François Roth, décédé il y 4 ans.
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