Un souvenir très personnel : mariée en octobre 1967, je suis tombée gravement malade en février 1968. Verdict de la Faculté : tuberculose pulmonaire.

Une maladie qui, à cette époque, et malgré les progrès de la médecine et en particulier le traitement par antibiotiques - PAS, Streptomicine, Trecator - charriait encore une foule de relents de terreurs. Ma belle-mère, en particulier, qui ne me portait pas dans son coeur car je lui avais "volé" son fils, venue me dire que rien n'était définitif, que le divorce n'était pas fait pour les chiens et que je n'aurai jamais d'enfants ...

Bref, je me suis vue "confinée" car terriblement contagieuse. Mon père a eu la meilleure réaction en proclamant  "Comme il y a moins de 6 mois qu'elle est mariée, elle est encore sous garantie, on la reprend à la maison." J'en tremble encore. En fait, mon père avait contracté la maladie en camp de prosonnier mais il en avait guéri tout seul. Ils ont été régulièrement contrôlés et n'ont pas été touchés. Et, à l'époque, on en portait pas de masques ...

Jeune mariée, j'ai donc regagné ma chambre de jeune fille et me suis astreinte à un strict confinement pendant plusieurs mois. Et mes parents avec moi, sans jamais faire montre de la moindre impatience. Ainsi avons-nous subi les révoltes étudiantes puis les grèves de mai 68, à travers les reportages en live d'Europe Numéro 1.

Mais l'espoir qui nous tenait, c'était ce que nous avait dit mon phtysiologue, le docteur Teyssier d'Orfeuil : vous serez de nouveau en forme pour le Tour de France. Je n'ai jamais oublié.

L'annonce, hier, de la date - certes décalée - du Tour 2020 à partir du 20 août me réjouit. C'est une première étape vers le retour à la vie normale. En fait, j'ai été arrpetée pendant près de deux ans mais je n'ai plus jamais entendu parler de cette maladie, j'ai mis au monde trois beaux enfants et j'ai aujourd'hui 73 ans, en plein forme ...

Désolée pour les festivals de l'été, désolée pour les librairies qui restent closes, désolée pour la perspective - sinistre pour nous les plus de 70 ans - de rester encore plus longtemps confinés, j'y vois un symbole de renouveau.

On s'accroche à ce qu'on peut en espérant que l'été verra la fin de la pandémie ... Haut les coeurs et prenez soin de vous !