Les oeuvres majeures de la télévision publique ...
L'obligation de rester à la maison m'a fait découvrir non seulement des livres classiques qui restaient serrés depuis des années dans mes rayonnages, mais donné l'occasion de revoir des oeuvres télévisuelles de ma prime jeunesse.
L'Institut National de l'Audiovisuel rassemble des milliers de créations françaises qui pour moi évoquent des souvenirs très précieux. J'ai été élevée avec la télévision. Aussi loin que me porte ma mémoire, je retrouve des moments précieux. Le plus ancien souvenir précis d'une émission exceptionnelle est le couronnement d'Elisabeth II en 1953 (j'avais 6 ans !).
Toute la famille est restée scotchée devant le poste pendant la retransmission. Pour la seule et unique fois de notre vie, ma mère n'a pas fait la cuisine ce jour là, nous avons mangé des tranches de jambon avec les doigts, assis par terre autour du récepteur.
Dans ces années soixante, où il n'y avait qu'une seule chaîne, en noir et blanc ... et étroitement contrôlée par le pouvoir exécutif. Personne ne s'en plaignait ... Mais il y avait aussi un vrai souci de qualité et d'apport culturel réellement populaire, avec une allocation de moyens considérable.
J'ai évoqué récemment la série de Marcel Bluwal "Belphégor, le fantôme du Louvre", les émissions historiques mises en scène par Stellio Lorenzi "La caméra explore le temps", je pense aussi aux soirées du mardi soir "Les Dossiers de l'écran" d'Armand Jammot avec un film suivi d'un débat ... C'était passionnant.
Et j'en veux pour preuve deux créations destinées au grand public, qui m'ont particulièrement marquée, dans deux registres très différents : Thierry La Fronde et Les Perses.
Diffusée entre 1963 et 1966, la série de 52 épisodes de 25 minutes qui prenait pour héros je jeune noble rebelle Thierry incarné par Jean-Claude Drouot était conçue par Jean-Claude Deret, qui s'était réservé le rôle du méchant Messire Florent. Une affaire de famille puisque la jolie amie de coeur de Thierry était jouée par Celine Léger, épouse à la ville de J-C Deret et maman de la petite Zabou Breitman ! Je ne manquais pas un épisode le vendredi à 19h 30 ... et la musique du générique, signée Jacques Lhoussier, me reste éternellement en mémoire.
Dans un tout autre ordre d'idées, il fallait un sacré culot pour décider la diffusion de la tragédie antique d'Eschyle "Les Perses", extraordinaire adaptation sous forme d'oratorio diffusée en 1961 dans des décors et des costumes absolument époustouflants.
Une mise en scène de Jean Prat, sur une musique de Jean Prodromidès, très fidèle au texte d'origine datant du 5ème siècle avant Jésus-Christ.
Une oeuvre ramassée - elle dure à peine plus d'une heure - avec une distribution digne de la Comédie française (François Chaumette, Maria Meriko, Maurice Garrel, Charles Denner) tous méconnaissables - sauf leur voix - sous leurs masques rigides. De quoi marquer les esprits et ne vous laisser jamais oublier comment les Grecs ont, à dix contre un, vaincu les Perses de Darius et Xerxes à Salamine.
Bref, devant la faible qualité des centaines de chaînes qui sont aujourd'hui à notre disposition, je me prends à regretter la télévision publique de ma jeunesse ... à regarder aujourd'hui sur le site de l'INA !
Qui s'en souvient ?
A visionner sur madelen.ina.fr