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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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14 juin 2020

La fin du moyen-âge, essai de Joël Blanchard

fin du moyen age

Après une succession parfaite de monarques entre 987 (Hugues Capet) et 1316 (mort de Louis X le Hutin puis, quelques jours après sa naissance, de Jean Ier – souvenons-nous de l’épopée de Maurice Druon « Les Rois maudits »), le miracle capétien bute sur la légitimité de la transmission du sang royal par les femmes. 

Ne pouvant exercer ni sacerdoce, ni office, comment pourraient-elle être sacrées ? On va « inventer » la loi salique, afin d’éviter que le royaume n’échoie à l’Angleterre, ce qui provoque la guerre de Cent Ans.

Le livre – parfois difficile – de Joël Blanchard nous raconte cette histoire des premiers Valois, de 1328 à 1515, à travers les mouvements de pensée, les controverses, les conflits internes entre le trône et les Princes du sang, l’apparition progressive des idées humanistes à l’aube de la Renaissance. Pour y voir plus clair, avant de commencer la lecture, je conseille vivement d’étudier la généalogie de cette famille régnante, qui se trouve en page 285. Car la période étudiée est une succession de malheurs.

« Guerres, épidémies, famines, violences s'abattent sur le royaume de France au fil d'un affrontement qui dura plus d'un siècle et demi, la guerre de Cent Ans. Après plus de trois siècles d'heureuse continuité et de glorieuse légitimité capétienne, crise de succession, révoltes populaires et princières se multiplient sous les premiers Valois, plongeant le royaume de France dans un cycles de désastres et de redressements ».

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Un état de belligérance endémique aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur, jalonné de cuisantes défaites (Crécy (1346), Poitiers (1356), Azincourt (1415) où périt la plus grande partie de la noblesse française, sans compter les guerres civiles (la guerre du Bien Public, la Guerre folle, le conflit entre Louis XI et le duc de Bourgogne, la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, les Cabochiens, etc ), les révoltes fiscales (déjà !), les exactions des Routiers, militaires démobilisés vivant sur le pays, puis la Peste …

L’analyse de l’auteur s’appuie sur la littérature alors en plein développement : textes de sermons (les prédicateurs sont célèbres), romans, poésies, mémoires, mais aussi textes de jugements, lettres royales, en latin ou, de plus en plus, en langue vernaculaire. Les auteurs les plus largement cités sont : Jean de Meun, Christine de Pizan, Commynes, Froissart, Jean Gerson, Philippe de Mézières.

C’est une époque de bouillonnement intellectuel. Si le moyen-âge s’inscrit dans le cadre de rites, de rythmes, de cycles, on observe à l’époque des Valois une inflexion, des déplacements, des transformations de comportements, avec progressivement – en même temps que la référence constante à un âge d’or révolu (l’époque de saint Louis) – l’émergence de l’individu, la recherche de la solitude, dans la nature … Une remise en cause du lien social, du sens des alliances, de l’union entre le seigneur et son vassal : la guerre de Cent Ans a vu proliférer les reniements, les trahisons et félonies, malgré des serments sur les reliques … On précise la signification et la codification du crime de lèse-majesté. Faux, rumeurs, montages, calomnies sont légion, la méfiance est généralisée, la propagande subversive largement répandue. Un peu comme aujourd’hui ?

Le fait marquant de la période reste l’assassinat de Louis d’Orléans et ses suites politiques. Le frère de Charles VI (le roi fou) et oncle de Charles VII, influent au Conseil de Régence est occis d’un coup de hache à la tête le 23 novembre 1407, à l’instigation de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, fils de Philippe le Hardi, frère de Charles V. Selon le commanditaire de l’assassinat, Louis était un tyran et voulait s’approprier le pouvoir … C’est le début de la guerre civile entre les Bourguignons et les Armagnacs. Le crime sera vengé en 1419 par l’assassinat de Jean sans Peur, lors d’une entrevue avec le dauphin futur Charles VII au pont de Montereau – c’est ce qu’illustre la couverture du livre.

Une période particulièrement complexe, à la veille de l’accession au trône de François 1er et l’avènement de la Renaissance.

 

La fin du Moyen-Âge, essai de Joël Blanchard, édité chez Perrin, 339 p., 24€

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