19 juin 2020
James Tissot, l'exposition qu'il faut voir ...
Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'une exposition que je n'ai pas vue ... du moins, pas encore !
Pourtant, je l'avais inscrite comme priorité sur mes tablettes, mais le confinement en a décidé autrement. Bref, elle ouvre au musée d'Orsay le 23 juin, et aujourd'hui, je suis dans le train en partance pour le Lot-et-Garonne ...
Heureusement, de nombreux reportages et documentaires m'en disent énormément sur ce peintre qui fut contemporain et ami des impressionnistes - en particulier Edgar Degas - qui en a adopté les thèmes mais pas du tout la technique, et dont j'ai déjà admiré maintes fois les tableaux au musée où j'ai mes habitudes.
Et, à tout seigneur tout honneur, le fameux portrait collectif des membres du Cercle de la rue Royale (1868), un chef d'oeuvre ... difficile de réduire à une vignette cette toile de plus de 3 m de large.
Des hommes, aristocrates ou financiers enrichis, qui se sont cotisés pour poser sur ce portrait, puis ont tiré au sort pour attribuer l'oeuvre à l'un d'eux - le baron Rodolphe Hottinguer, banquier suisse.
Né à Nantes en 1836, Jacques-Joseph Tissot est issu d'une famille de drapiers, sa mère est modiste, très catholique. Il adopte le prénom de James, c'est plus chic ... Après ses études aux Beaux-Arts, il candidate directement au Salon. Il joue à fond le système et fera carrière comme portraitiste mondain, gagnant très largement sa vie. Il est reçu au Salon avec un tableau représentant Faust, très influencé par les peintres flamands.
Artiste, rapin, dandy, portraitiste mondain, bel homme, fan de Japon et surtout de textiles, de mode ...
C'est une époque de croissance économique, avec l'explosion de l'industrie textile, désormais à la portée de la bourgeoisie, il faut des métrages déments pour habiller toutes ces dames.
Les tableaux de Tissot révèlent une avalanche de plissés, de cachemires, de bijoux et d'accessoires aussi bien masculins que féminins. Je remarque en particulier, sur plusieurs toiles la même paire de chaussures d'homme, blanc avec des incrustations beige ... Ainsi le peintre réutilise des accessoires dans plusieurs "mises en scène", souvent précédées de photographies de genre.
Deux de ses tableaux le lancent dans le monde aristocratique : le portrait de Mademoiselle L.L, assise en amazone sur un secrétaire et vêtue d'un caraco rouge à pompons, dans le style espagnol cher à l'impératrice Eugénie, et le portrait de la famille Miramont. L'aristocrate qui figure aussi au centre du tableau du cercle de la rue Royale et le "lance" auprès d'une clientèle fortunée.
Pendant le siège de Paris puis la Commune, Tissot reste à Paris, dessine des combattants. En mai 1871, il émigre à Londres où il restera 11 ans, recueillant là aussi le succès et la fortune. Il va surtout y faire la rencontre de Kathleen Newton, une jeune femme divorcée avec deux enfants. Il la représente de multiples fois, est éperduement amoureux, jusqu'à sa mort de tuberculose en 1882. Tissot rentre alors en France.
Il entreprend un cycle d'aquarelles illustrant la Bible, fait plusieurs voyages en Plestine. Ses 350 images intenses, dramatiques, réalistes, au cadrage cinématographique rencontrent un grand succès éditorial.
James Tissot est loin d'être un peintre maudit, toujours apprécié, en dehors de la mode des peintres de son temps qu'il fréquente pourtant ...
Il termine sa vie au château de Buillion où il a procédé à d'importants aménagements, en 1902.
Cette exposition majeure au musée d'Orsay est prolongée jusqu'au 13 septembre ...
Quand j'aurai l'occasion de la voir "en vrai", j'aurai au moins déjà plein la tête toutes les explications glanées sur ce peintre majeur du XIXème siècle, relativement passé sous silence jusqi'à aujourd'hui.
A voir aussi, le documentaire de Pascale Bouhenic réalisé pour ARTE : James Tissot, l'étoffe d'un peintre.
Merci pour cet excellent article, si je vais à Paris avant le 13 septembre j’irai visiter cette exposition. Belle journée