22 octobre 2020
Quand un fils nous est donné, polar de Donna Leon
Voici le trente et unième roman mettant en scène le commissaire Guido Brunetti, ses équipiers, sa noble famille et Venise. Et j’ai toujours autant de plaisir à le regarder vieillir … et se bonifier avec le temps.
Donna Leon décrit ici avec tendresse les affres du vieillissement, les vicissitudes des conflits de succession et les querelles d’héritage qui font ressurgir les haines recuites des héritiers présomptifs, les surprises des testaments. Des mobiles ultra classiques de crimes … Elle nous parle aussi de la valeur de l’amitié. Celle qui relie les êtres depuis la tendre enfance jusqu’à la décrépitude, les brouilles aussi, et les manipulations.
Le beau-père de Guido, le comte Falier, fait appel à lui pour se renseigner discrètement sur un homme qu’il suspecte vouloir abuser de la faiblesse de son meilleur ami, le galériste d’origine espagnole Gonzalo, richissime homosexuel assumé, qui a le projet d’adopter son jeune amant.
C’est une procédure parfaitement licite, mais est-ce seulement pour transmettre ses collections et sa fortune ou pour spolier ses neveux ? Le jeune homme, séduisant sous bien des rapports, en vaut-il la peine ? Pas l’ombre d’un crime là-dessous … sauf que Gonzalo est une sorte d’oncle de la famille, il est le parrain de Paola, que tout le monde l’aime … jusques et y compris l’un de ses anciens compagnons, Rudy, qui s’inquiète aussi pour lui, ainsi qu’Alberta, cette grande amie qu’il a jadis sauvée des griffes de Pinochet au Chili.
A contre cœur, Brunetti va démêler de cette affaire de famille, malgré l’absence de sa collaboratrice hyperdouée en informatique, la signorina Elettra, partie en congés. Mais il s’appuie sur la ressource infinie de l’attention aux imperceptibles variations de la physionomie et de la parole de ses interlocuteurs, son expérience de la nature humaine confortée par la lecture assidue des classiques de la littérature antique.
Une nouvelle fois, un roman d’atmosphère passionnant, qui permet aussi de pénétrer dans l’univers des personnages de Donna Leon sans avoir lu tous les autres épisodes. Mais tout lecteur qui aura commencé ce premier contact avec l’œuvre de Donna Leon n’aura de cesse de lire les précédents romans.
Quand un fils nous est donné, (Into Us A son is Given), polar de Donna Leon, traduit de l’américain par Gabriella Zimmermann, édité chez Calmann-Lévy Noir, 322 p., 21,50€
Commentaires
Je ne vois pas du tout Paola comme ça. C'est une intellectuelle issue d'une grande famille. Elle est la véritable maîtresse des lieux et fait la cuisine parce qu'elle aime ça. J'allais dire : tout comme moi, je en supporte pas que d'autres puissent prendre ma place ... Mais l'avez-vous vue prendre un aspirateur ? Donna Leon a sans doute un peu exagéré le caractère "mamma italienne" de Paola, mais en fait, c'est elle le chef de famille !
NOUS NE SERONS PAS D'ACCORD JE LE CRAINS
si elle ne faisait que la cuisine, oui car c'est une activité (quand on aime) où l'on crée! mais elle débarrasse la table, fait la vaisselle, activités oh combien gratifiantes et le fait qu'elle soit une intellectuelle brillante n'a rien à voir. Je n'ai pas vu non plus ce cher Guido prendre l'aspirateur mais par contre chercher un livre dans la bibliothèque et s'asseoir confortablement dans le canapé pendant que son épouse fait la vaisselle...Ah oui il monte les bouteilles d'eau!!!
a propos de féminisme
J'adore les livres de Donna Leon mais je réagis mal quand je lis que Paola fait la cuisine, sert à table même ses enfants!!!, débarrasse la table, fait la vaisselle et vient servir le café à Monsieur!!! J'ai envie d'abandonner le livre à ce moment là. Le moins que l'on puisse dire c'est que Donna Leon a une vision bien archaique du rôle des femmes.