01 février 2021
En France, on ne meurt pas que de la Covid ...
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis, mais c’est mon opinion, et je la partage ! En fait, je relaie simplement la déclaration d'un médecin réanimateur du CHU de Toulouse, qui me semble pleine de bon sens :
« A condition d'avoir des réanimations en état de fonctionner, on ne meurt pour ainsi dire plus du Covid-19. Cette phrase peut choquer mais c'est notre expérience. Quand les services n'étaient pas débordés, seulement très mobilisés, avec des personnels préparés et formés, ce qui a été notre cas à Toulouse, les patients ont survécu. Certains sont morts avec le Covid, mais pas du Covid. Comme ce patient cancéreux ne pesant plus que 37 kg pour 178 cm qui, en contractant le virus, a vu sa vie raccourcie de quelques jours. Ces patients ne peuvent justifier le chômage des jeunes. Ni les dettes abyssales laissées aux générations suivantes. Ni le renoncement massif à nos modes de vie.
Oui, nous autres soignants, avons eu du travail, certains se sont contaminés. Peu en sont morts, et probablement plus aucun n'en mourrait aujourd'hui. C'est notre métier, et nous nous mobilisons tous les jours contre un tas d'autres maladies. La censure morale que certains soignants veulent exercer est une insulte à notre profession. Tous les jours, des gens meurent au travail ou en y allant. Les sauveteurs en mer nous demandent-ils d'arrêter baignade et plaisance au prétexte des risques ? Le virus est là. La majorité n'en subira pas de dommage significatif. Il est parfois virulent mais on sait maintenant soigner la majorité des cas graves. Alors remettons-le à sa juste place ; n'en faisons pas un terroriste, c'est-à-dire un agent dont l'impact psychologique et sociétal dépasse de loin son impact physique."
Je me sens totalement solidaire de ce médecin lucide. Même si à 74 ans, je figure dans la catégorie à risques. Donc, je redouble de vigilance. Mais les faits sont têtus. Il suffit d’examiner la page des annonces de décès du Figaro de samedi dernier : la très grande majorité des personnes qui sont passées de vie à trépas ont plus de 80 ans. Covid ou pas Covid ? Elles ont « fait leur contrat », comme dit l’une de mes filles.
Nous ne sommes plus accoutumés à la mort. Tout a été fait pour la gommer, elle devient indécente. On ne parle plus de personnes mortes mais décédées. Je suis pour ma part, sereine. J’ai vu passer l’occasion plusieurs fois dans ma vie et, chaque fois, j’ai apprécié l’extraordinaire efficacité de la médecine. Et ce, à la charge de chacun de nous. A 21 ans, j’ai eu une tuberculose pulmonaire particulièrement agressive, à 55 ans, j’ai eu un cancer en phase 3, l’année de ma retraite, j’ai fait un infarctus. Chaque fois, j’ai été soignée, cela ne m’a rien coûté. Je suis encore là pour en parler. Mais un jour, il faudra que j’y passe.
Aujourd’hui, une grande partie de mon temps est consacrée à aider mon mari à supporter sa maladie à corps de Lewy, en espérant que la recherche en neurologie trouve un moyen de le soulager. Notre conversation, initiée en 1965, n'a pas cessé.
Il n’y a pas lieu de se plaindre. Ne sacrifions pas notre jeunesse à la survie de quelques mois de ceux, qui, comme moi, ont bien profité du système. Nous, babyboomers, avons eu une si belle vie … elle devra bien cesser un jour. Je n’ai pas peur. Ce n’est pas une raison pour ne pas pratiquer les gestes barrière..
Nous devons tous redoubler de précautions. Ce serait si stupide de succomber à un virus si malfaisant alors que la vaccination prend enfin son élan !
Commentaires
Cela rassure de lire un peu d'intelligence et d'honnetété dans le propos de ce médecin. Je crois que c'est surtout les conditions dans lesquels décèdent ces personnes âgées qui sont douloureuses (seules sans la présence de leur proche mais entourées d'un personnel médical dévoué)pour les familles. Votre sagesse mérite mon admiration. Je n'avais pas lu le diagnostic pour votre mari mais avait remarqué un regard different. Il a la chance d'être entouré d'une famille proche et aimante qui doit beaucoup l'aider. Tout comme Anna ma fille de 19 ans étudiante est très affectée et angoissée par cette situation. On leur a proposé un retour en TD mais qui est inacceptable en organisation. Elle reste donc chez nous devant son ordinateur. Je vous envoie mon amitié virtuelle.
Je partage tout à fait cet avis, ce médecin, Monsieur Christian Duchenne est courageux de dire ce que beaucoup pensent tout bas et je vous remercie de la relayer. Je ne pense pas, et cela depuis mai 2020, que le confinement soit utile, les personnes fragiles devraient de leur propre chef être vigilants et se protéger. Arrêtons d’anéantir notre jeunesse, notre économie et pensons à vacciner d’abord les actifs, je n’en fais plus partie avec mes 72 ans.
Vous confirmez les dires de ma belle-fille aide-soignante en intérim appelée il y a quelques semaines en renfort à l'hôpital au motif Covid. Une fois sur place, le personnel était étonné de sa venue tout à fait inutile... D'autre part, il lui y a été confirmé que les seules mort déclarées Covid étaient des personnes très âgées (> 90 ans) hospitaliséespour un tout autre motif dont une en soins palliatifs. Elles ne sont pas du tout décédées du Covid mais simplement avaient été testées positives...
D'accord avec Anna, la situation est vraiment cruelle pour les personnes en Epahd qui meurent sans pouvoir revoir leur famille, pour tous ces gens qui ont perdu leur emploi, pour tous ces jeunes qui ne peuvent pas suivre leurs études ou ces enfants de 6 ans qui doivent porter le masque toute la journée et n'ont pas le droit de jouer avec les copains d'un autre groupe...Bonjour !
Je n'arrive pas à adhérer à vos propos de ce matin. Non plus qu’à ceux de ce médecin toulousain. Evidement qu’on ne meurt pas QUE de la Covid. En attendant les personnes qui sont affectées de formes graves occupent des lits de réa au détriment d’autres dont on repousse les interventions ou qui vivent une situation tout aussi urgente. Ma belle fille est infirmière justement au CHU de Toulouse. Et nous a dit que le nombre de cas hospitalisés montait de façon inquiétante. Et ces hospitalisations ont un coût non négligeable, comme tout ce qui est gratuit ! Alors oui on voit clairement ce qu’un confinement coûterait au pays. J’aimerais qu’on le mette en balance avec l’impact financier et humain de toutes ces hospitalisations. Ensuite, égoïstement peut être, sans doute même, un confinement au moins régional me semble nécessaire. Ne serait ce que vous éviter les cas véhiculés par les touristes. Les vacances de février approchent. Je vis au bord de l'océan dans une région relativement protégée qui va connaitre à l'évidence une recrudescence de cas comme ce fut le cas après les vacances estivales, car les gens risquent d’affluer en raison de la fermeture des remontées mécaniques (et aussi de Noel dans une moindre mesure). N'imaginez pas que ce confinement ne me pèserait pas. Car même si nous vivons presque en auto confinement, en limitant nos interactions avec les autres au maximum, j’ai un sentiment de liberté que le confinement m’enlèverait. Mais je le considère comme un mal nécessaire.
Bien cordialement,Je partage totalement votre point de vue ... un de mes amis, DG d’un très gros CHU de France me confiait récemment son immense inquiétude quant aux nombreuses déprogrammations et leurs effets induits : décès, amputations, aggravations irréversibles de cas pourtant totalement curables avant COVID, ...
Adhésion enthousiaste
Merci de nous retranscrire les déclarations courageuses du Docteur Duchenne. En discutant, surtout par téléphone, tous azimuts - jeunes,vieux,famille, amis, commerçants. .- je constate que de plus en plus de voix s'élèvent contre la bienpensance qui n'ose appeler un chat un chat et ne peut envisager la mort des plus âgés, ce qui d'ailleurs n'est pas une fatalité. Ma mère, 95 ans, en Ephad, a eu une covid asymptomatique et continue d'aller très bien alors que bien d'autres n'ont pas survécu au même étage . ..j'en conclus qu' à chacun son heure et que jeunes et moins jeunes n'en peuvent plus d'être les sacrifiés car cest ainsi qu'ils ressentent toutes les restrictions subies.C'est à nous, les âgés et les fragiles, de prendre nos responsabilités et d'adapter notre vie quotidienne au risque de la contagion. Aux autres de vivre et de travailler .
Je te remercie Marie-Pierre de partager avec nous cet excellent article. Certes, il faut respecter les gestes barrières mais il faut arrêter de nous prendre tous en otages de sacrifier les jeunes générations, nous empêcher de vivre.
Ci-dessous, un copier/coller du message passé sur mon blog avec l'autorisation d'Agnès Ledig.
Nous ne pouvons continuer à vivre comme cela.
Doux mois de février à vous deux et toute votre famille.
Amitiés.
Bernadette.Je publie un copier/coller de la réflexion d'Agnès sur son compte Instagram hier :
agnesledig
La symbolique de cette petite chaise retournée sur la table de jeux d’une salle d’attente, dans laquelle j’étais cet après-midi, me fend le coeur et m’effraie quant au développement de nos enfants.
Une table de jeux sans jeux,
Un porte-revue sans revues,
Des mains sans poignée de main,
Une vie sans ... vie.
Notre génération a grandi avec le SIDA et l’idée que faire l’amour pouvait être dangereux, voire mortel.
Que va apprendre la nouvelle génération ? Que de s’embrasser, de s’enlacer, de manger ensemble, d’aller au cinéma, de faire du sport en club, ... pourrait être dangereux, voire mortel.
Mais ... venir au monde est en soi dangereux puisque tout bébé naissant mourra un jour.
La question qu’il va bientôt falloir se poser est de savoir ce que nous mettons en priorité entre ces deux extrêmes : la quantité ou la qualité ?
Nous en sommes venus à briser la qualité d’un nombre considérable de vies pour en sauver une certaine quantité, tout en poursuivant tête baissée certains comportements qui en condamnent beaucoup beaucoup d’autres : pollution, pesticides, dérèglement climatique, alimentation calamiteuse, surmenage,...
Peut-être faudra-t-il bientôt accepter que nous ne gagnerons pas toujours contre certains virus, que la mort fait partie de la vie, et que la qualité de cette vie vaut peut-être plus qu’un nombre d’années vide de sens...
Je suis profondément triste pour toutes les personnes qui ont perdu ou vont perdre un être cher dans cette pandémie. Je sais à quel point il est douloureux de laisser partir un être cher, mais, l’autre jour, avec mon mari, devant la tombe de notre fils, nous nous sommes dit qu’il était peut-être mieux là, à ne pas être embarqué dans cette triste aventure.Il a vécu 5 ans d’une vie de rires, de jeux, de joie, et il n’a jamais été aussi triste que quand nous ne pouvions pas l’embrasser, le toucher, sous nos masques, nos blouses et nos gants, dans sa chambre stérile.
Avec le recul, ce que nous retenons de sa vie, ce sont ses éclats de rire et ses câlins immenses.
J’aimerais retenir ça de la mienne, avec les gens que j’aime.
Avec son autorisation, je le partage avec vous. A méditer... Tellement vrai !Lors des premières informations relatives aux effets de l’épidémie, j’avais consulté les annonces de décès sur Le Monde, mon journal quotidien. Il était très souvent mentionné « décédé du Covid » pour des personnes âgées de 80 à 95 ans. Je constate que cette mention n’apparait plus.
Des voix comme celle du Dr Duchenne commencent à pouvoir s’exprimer. Le terme de polipathologies est de plus en plus utilisé pour des malades qui étaient déjà « en sursis ».
Je soutiens votre article et vous remercie de l’avoir publié, au risque de déplaire.
Je choque autour de moi lorsque je dis que l’on sacrifie notre jeunesse et notre économie pour des personnes qui étaient en fin de vie, parfois dans un état tel qu’il aurait été souhaitable qu’elles puissent quitter notre monde. Je n’ai jamais trouvé humain de s’acharner à maintenir en vie à tout prix de grands malades et des vieillards exténués. Mon expérience familiale et amicale conforte mon opinion.
Je suis également « à risque » mais j’estime que ma protection relève de ma seule responsabilité.
Puisse ce bon sens se développer.Merci pour votre réponse rapide. Renseignements pris il s'agit d'une déclaration du Dr Olivier de Soyres, médecin réanimateur à Toulouse et sa déclaration date du16 août 2020!!!!
Selon moi elle garde toute sa valeur, mais attention de ne pas relayer d'informations fausses. Les médias se chargent déjà de notre désinformation; dommage.
Belle journée à vous.Merci d'avoir relayé cette déclaration. Ici en Belgique, je n'ai pas encore lu ce type de prise de position. Par contre, depuis hier, un débat s'est ouvert quant à la place des jeunes (18-25ans) dans la liste des priorités à la vaccination. Au vu de la détresse mentale de cette catégorie de la population, il est suggéré de les vacciner immédiatement après les résidents des maisons de repos et de soins, du personnel médical, des +65 ans et des +45ans avec comorbidité. Vu que j'ai plus de 70ans, je ne serais pas touchée par ce changement mais comme écrit dans l'article, ne faudrait-il pas penser davantage aux forces vives du pays? Ici, impossible de céder sa place, ce que je ferais avec grand plaisir, ne souhaitant pas trop hypothéquer l'avenir de mes enfants et petits-enfants. Je partage pleinement votre post et vous en remercie. Il y a un temps pour tout.
Merci
Merci Marie-Pierre d'avoir partagé avec nous. Je fais partie de la même classe d'âge que vous , j'ai 73 ans et mon conjoint 77 et je vous lis tous les matins depuis fort longtemps. Sous tout ce que vous écrivez j'ai senti ou ressenti une tristesse et même dans ce post un peu de désespoir. Nous avons besoin de vous lire et de partager vos humeurs qui sont aussi les nôtres alors ne baissez pas les bras surtout.
2 décés dans ma famille
2 personnes agées sont décédés du covid dans ma famille... et parceque elles sont agées c'est "moins grave?" mon oncle allait tres bien avant ce foutu covid, il avait fêté ses 50 ans de mariage, dansait, faisait encore partie d'un orchestre... donc OUI le covid ne tue pas tant que ça et beaucoup de vieux mais ce que je constate surtout c'est qye cet oncle cher à mon coeur serait encore en vie aujourd'hui sans la covid...
C'est tout à fait ce que je ressens.
Je suis gériatre en EHPAD et effectivement, le coût humain est important dans la classe d'âge des résidents : nous avons été durement touchés en Novembre avec 52 personnes malades dont 13 décès. Les morts avaient de toute façon un âge très avancé (en moyenne plus de 95 ans...) et donc une espérance de vie de quelques mois! et ce sont ces personnes qui sont vaccinées les premières.
Je préférerais vacciner des gens comme vous, moins âgés et actifs qui risquent de perdre des années de vie autonome et de bonne qualité que des gens grabataires !
Je suis également maman de 3 adolescents et jeunes adultes. Ma fille de 19 ans, en 2ème année de licence, n'en peut plus. Elle n'est pas allée à la fac depuis Octobre, ne voit plus ses amis et végète dans sa chambre alors qu'elle pourrait suivre ses cours de TD (30 étudiants en moyenne par groupe, c'est-à-dire moins que dans la classe de Terminale de ma cadette qui, elle, a cours tous les jours).
On marche sur la tête...
Nous avons tout supporté depuis Mars dans le respect mais là, nous n'en pouvons plus.
Bon courage et merci pour votre message si intelligent
Anna