08 mai 2021
La vraie vie de Gustave Eiffel, biographie romancée par Christine Kerdellant
Voilà un livre enthousiasmant qui réfute les récriminations de tous les déclinistes du génie français. Et qui se lit comme un roman, d’aventures et d’amour … mais un roman vrai : celui d’un travailleur acharné, concepteur de génie, une de nos gloires internationales et pas seulement à cause de la Tour qui porte son nom …
Justement, ce nom d'Eiffel qu'il a été autoriser à substituer en 1880 au patronyme de son père, Alexandre Bönickhausen dit Eifel, un ancien officier des armées napoléoniennes, lui a causé bien des tourments : dans ces années qui suivent la guerre perdue contre la Prusse, la référence à un ancêtre venu plus d'un siècle auparavant s’installer en Bourgogne n’est pas bien portée.
Il l’empêchera d’épouser le seul grand amour de sa vie, Adrienne Bourgès. Edouard Drumont le qualifiera naturellement de traitre vendu à l'Allemagne et de juif par surcroit.
Gustave Eiffel (1832 – 1923) est très tôt confié à sa grand-mère maternelle car sa maman est une femme d’affaires, trop occupée pour s’occuper de lui. Son enfance n'est pas riche en tendresse.
C’est un garçon très sportif, trapu, agnostique, au fort accent bourguignon, pas très doué pour la prise de parole en public mais doté d’une extraordinaire intelligence et d’une capacité de travail fantastique.
Il est admissible à l’école polytechnique mais échoue à l’oral, ce qui lui ouvre tout de même les portes de l’Ecole Centrale dont il sort diplômé en 1855. Il sera ingénieur, d'abord chimiste puis un as de la métallurgie … et quel ingénieur ! A 26 ans, il assure la direction du chantier du pont ferroviaire de Bordeaux.
Ce livre est à recommander à tous les jeunes qui doutent de leur avenir. Pour leur prouver que rien n’est impossible. Un thriller technologique, doublé de jolies histoires d’amour.
Une fortune à construire, un destin international, des obstacles presque insurmontables, des talents multiformes développés dans des techniques innovantes jusqu’à la toute fin de sa vie à 91 ans.
Gustave Eiffel est l’homme qui a toujours combattu et apprivoisé la force du vent, son ennemi invisible. Il a construit des ponts en kit dans tous les pays du monde, choisi les meilleurs collaborateurs pour leur confier le grand œuvre de sa carrière (Sauvestre, Koechlin, Nouguier, Seyrig …), échoue à persuader les Lesseps père et fils que le canal de Panama doit impérativement comporter des écluses – ce qui lui vaudra huit jours de prison lors du scandale de la faillite de la société - se passionne pour la météorologie, puis l’aérodynamisme.
Nourri des multiples correspondances et de l’autobiographie de Gustave rédigée peu de temps avant sa mort (en quatre volumes, tout de même !), ce roman est absolument captivant.
C’est toute la Belle époque et la révolution industrielle en plein développement, en particulier la croissance exponentielle des réseaux de chemins de fer, qui défile sous nos yeux avec ses grandeurs et ses petitesses.
Un reportage affectueux et documenté, écrit par une journaliste qui sait nous expliquer, comme si de rien n’était, les principes des innovations fantastiques du génial constructeur.
Bientôt un biopic sera réalisé par Martin Bourboulon, avec dans les rôles principaux Romain Duris et Emma Mackey. Ce sera un plaisir de retrouver ces personnages.
La vraie vie de Gustave Eiffel, biographie romancée de Christine Kerdellant, chez Robert Laffont, 494 p., 21€
Un ouvrage qui semble passionnant. Bonne journée