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20 juillet 2021

Littérature guerrière #2 : La dernière brigade de Maurice Druon

druon

L’invasion allemande de mai/juin1940 a été si soudaine qu’il ne resta que bien peu d’actes de résistance à mettre au crédit des troupes françaises dispersées, mal équipées et moralement peu entraînées après plusieurs mois de « drôle de guerre ».

Il est toutefois un fait d’armes particulièrement héroïque, celui des Cadets de l’école de Cavalerie de Saumur qui tinrent en échec, entre Monsoreau et Gennes, les 18 et 20 juin, 40000 allemands dotés de 300 pièces d’artillerie et de 150 blindés avec seulement 2500 hommes et 24 blindés.

Maurice Druon en était, il avait 20 ans. Tout comme les personnages de son roman publié l’année de ma naissance. Un chef d’œuvre en réalité. Ses héros – qui ne le savent pas encore – nous les rencontrons à la gare de Tours où ils viennent d’arriver pour leur incorporation à l’école de cavalerie – le prestigieux « Cadre Noir » - où ils vont subir 4 mois de formation.

Ces tout jeunes hommes ont suivi de bonnes études classiques, et pour la plupart d’entre eux, la Cavalerie est une tradition de famille.

Certains portent des noms à rallonge, des titres de noblesse à revendre. D’autres sont apparentés à des hommes d’influence, l’un d’eux est bénédictin et on aperçoit les restes de sa tonsure … l’un d’eux est Tchèque. Tous espèrent parader à cheval, ils portent fièrement des éperons … Mais ils déchantent bientôt : seuls les premiers au classement de l’examen d’entrée seront admis à monter, pour les autres, ce sera la motorisation. Exigence de la guerre moderne.

En réalité, ils n’auront pas à attendre la fin de leur formation avant d’être jetés dans le feu de l’action. Camille Deroche dit Bobby, Jacques Lhervier-Marais, Charles-Armand de Lambreuil et son fox-terrier à poils durs nommé Monsieur, Georges-Marie-Geoffroy Palet de Montsignac et son cousin bénédictin qui prie Dieu de ne pas avoir à tuer d’ennemi, le taciturne Le Guiader, Cyril Stephanik, le Tchèque sont bientôt plongé dans l’apocalypse, avec à leur tête le lieutenant de Saint-Thierry.

Certains vont mourir en faisant jusqu’au bout leur devoir et au-delà, d’autres, peu nombreux dans cette génération sacrifiée, réussiront à s’en sortir, avec les honneurs de la guerre accordés par le commandement allemand. C’est le cas de l’auteur qui, après avoir rejoint Londres et son oncle Joseph Kessel, fera une carrière éblouissante dans la littérature (Les rois maudits, entre autres ...) et la politique.

Il m’arrive rarement de sentir me monter les larmes aux yeux à la lecture d’un livre. Ce fut le cas cette fois. Dommage que l’on oublie si vite ces jeunes héros qui ont donné leur vie alors qu'ils savaient pourtant que la guerre était déjà perdue.

 

La dernière brigade, roman de Maurice Druon (1946), à trouver d’occasion en Livre de Poche – 315 p.


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