25 juillet 2021
Passé composé, mémoires d'Anne Sinclair
Anne Sinclair fut une journaliste de radio à Europe numéro 1, puis une brillante intervieweuse tous les dimanches soir sur TF1 pendant treize années et 500 émissions « 7 sur 7 ».
Elle est plus jeune que moi de deux années, j’aurais pu la croiser sur les bancs de Sciences Pô à quelques mois près. Elle a suivi les mêmes cours que moi, mais elle s’endormait pendant les prestations de Raymond Barre, alors que moi, j’en fus totalement métamorphosée.
A 73 ans, elle rédige ses mémoires. Avec, bien entendu, un presqu’ultime chapitre sur l’affaire qui défraya la chronique en mai 2011.
Elle se décrit avec humilité. Elle avoue son manque de confiance en elle, sa faible mémoire compensée par un travail acharné, ses relations difficiles avec sa mère, son peu d’appétence, finalement, pour la vie amoureuse qui fut marquée par l’emprise de son second mari.
L’essentiel de l’ouvrage porte sur ses souvenirs des personnages qu’elle a interrogés dans son émission. Quelques vacheries, des bons points, des regrets … de la rancœur vis-à-vis de son employeur qui l’a virée de façon abrupte. Elle ne fut pas la seule dans ce cas.
Cette période de vie de journaliste politique, je la connais. Je ne crois pas avoir manqué une seule de ses émissions du dimanche soir. Je n’ai donc pas trouvé dans ce récit matière à étonnement. Peu de relief, parfois de la grandiloquence, une certaine aptitude à enfoncer des portes ouvertes. Ceux qui auront acheté le livre pour savoir ce qui s’est réellement passé dans la chambre du Sofitel de New-York entre son mari et Nafissatou Diallo resteront sur leur faim. Le portrait en creux de l’inaltérable DSK est cependant édifiant.
Elle ne savait rien, ou n’avait pas voulu savoir … Circulez, il n’y a rien à voir.
Je suis heureuse pour elle de savoir qu'elle a retrouvé un nouvel amour apaisé.
Anne Sinclair se définit comme femme, mère, française, juive, de gauche, journaliste. Dans cet ordre. J'avais mieux aimé son livre sur son grand-père Paul Rosenberg, marchand de tableaux visionnaire. Elle est indubitablement sincère. Cela ne fait pas d’elle une mémorialiste passionnante.
Passé composé, mémoires d’Anne Sinclair, édité chez Grasset, 377 p., 22,50€