Eté 1770 : on souffre de fortes chaleurs au pays des Trois évêchés, après un hiver rigoureux et un printemps particulièrement pluvieux.

Les grains ont pourri sur pied dans bien des exploitations et le blé de qualité se fait rare. Le prix du pain augments sans trêve. La population, dont c’est la nourriture essentielle, gronde … On accuse des négociants de profiter de la pénurie pour spéculer sur les grains et affamer les pauvres gens. Coup sur coup, dans la ville frontière de Metz, deux boulangers sont assassinés dans leur boutique. Des bandes de sbires parcourent les campagnes pour forcer les agriculteurs à vendre la totalité de leur récolte à prix fixe sous peine de violences, allant jusqu’à la séquestration.

Dans cette ambiance, l’Intendant du roi Charles Alexandre de Calonne (1734 – 1802), à l’aube d’une brillante carrière même si elle reste controversée, se démène pour faciliter les importations de blés, distribuer aux nécessiteux du pain, améliorer les circuits économiques.

Esprit pratique et excellent technicien de la finance, adepte de la politique de relance et keynésien avant l’heure, il est toutefois honni des parlementaires pour avoir inspiré le discours de Louis 15 prononcé en mars 1766 devant la Parlement de Bretagne, qui rappelle que le roi est la source de toute autorité. Pour ne rien arranger, le roi envisage une réforme de la Ferme des impôts qui mettrait un bémol à la rente des financiers chargés du recouvrement.

Le héros de la série, l’artiste vétérinaire Augustin Duroch continue à enquêter pour le compte de Calonne sur les deux meurtres récents, plus celui de la belle Julie Poisson et sur le cerveau de la spéculation, un personnage haut placé mais qu’aucun accusé ne nomme …

Une nouvelle fois, il va y risquer sa vie, mais son sens du diagnostic et de l’observation des « scènes de crime » vont lui permettre de résoudre la double énigme.

Aussi passionnant que le premier volume de la série, des personnages féminins très sympathiques, une longée dans l'industrieuse communauté juive messine, avec en plus une défense inattendue d’un personnage politique dont l’action financière à la fin du règne de Louis 16 fut l’objet d’un injuste opprobre.

L’argent des farines, polar historique d’Anne Villemin-Sichermann, aux éditions du Quotidien, 328 p., 20€