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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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12 septembre 2021

La porte du voyage sans retour, roman de David Diop

 

D Diop

Comme la langue française est riche et belle lorsqu’elle est maniée avec le talent de David Diop !

Sans affèterie, sans pastiche de la langue du siècle des Lumières, simplement évocatrice d’une nature luxuriante, des couleurs et des parfums, des bruits et des paysages du Sénégal de son enfance …

Une merveilleuse et terrible histoire d’amour entre un jeune botaniste et une Africaine promise à l’esclavage, la confrontation fracassante entre l’intellectuel occidental et les préjugés de caste et de race de son temps.

Comment pouvait-on alors se sentir à la fois profondément chrétien et favorable à l’esclavage. Même l’Islam interdisait de réduire un croyant en esclavage !

Une réponse à cette question réside dans l’œuvre d’Olivier Petré-Grenouilleau : il fallait impérativement faire de ces êtres humains des "choses" pour se permettre d’en faire le négoce.

Le modèle de l’auteur est Michel Adanson, parti herboriser au Sénégal au mitan du XVIIIème siècle, pour ramener des spécimens et, pourquoi pas, tenter d’acclimater en Afrique des graines venues de France. A 23 ans, il ambitionne d’entrer à l’Académie des sciences et de publier une encyclopédie universelle du vivant. Peu après son arrivée à Saint-Louis, Il entend parler d’une « revenante », une jeune fille qui serait parvenue à rentrer dans son pays natal après son enlèvement et son voyage aux Amériques. Il va se mettre à sa recherche.

Fait exceptionnel : il commence par apprendre la langue locale, le wolof, au point qu’au bout de trois années de vie au Sénégal, il se sent devenir nègre par tous ses goûts, oublie qu’il est blanc à force de parler et rêver en wolof … Sans doute, cette impression est-elle similaire dans l’autre sens …

 

Portrait-dune-femme-noire-1800

Mais l’histoire d’amour sera « coupée à la racine". Car amoureux de Maram, Michel le « toubab » ne peut imaginer qu’elle ne trouvât détestable la couleur de sa peau, comme la plupart des Blancs celle des Noirs. Et il sait bien qu’il eût été impossible de vivre ensemble à cause des préjugés de leurs modes de vie respectifs.

Ce récit dépaysant à la fois dans l’espace et dans le temps emporte le lecteur dans une histoire aussi merveilleuse que vouée à l'échec, peuplée de personnages attachants, les bons comme les mauvais, une saga très actuelle de transmission d’héritage d’un père à sa fille, une réinvention du mythe d’Orphée et d’Euridyce sur la trame d’une tragédie classique d’amour impossible.

 

La porte du voyage sans retour, roman de David Diop, Le Seuil, 253 p., 19€

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