26 septembre 2021
Botticelli, artiste et designer au musée Jacquemart-André
Alessandro Filipepi, alias Sandro Botticelli, né vers 1445 et mort en cette même ville en 1510 fut l’un des géants de la Renaissance italienne.
Giorgio Vasari, qui publia en 1550 le recueil des biographies des plus grands artistes de son temps, ne lui consacre pourtant que 6 pages (Michel-Ange est crédité, lui, de 102 pages !), et elles ne sont pas tendres …
Pour moi, c’est le peintre florentin que je préfère … et sa dernière exposition à Paris datait de 2003 et j'y ai fait l'acquisition du beau catalogue édité par Skira. Il était donc indispensable que je vienne voir celle-là.
Les cimaises du joli musée Jacquemart-André ne permettent cependant pas le recul suffisant pour admirer les œuvres dans leur entièreté, surtout avec la foule qui s’y presse … mais il ne faut pas oublier que la salle consacrée à l’art italien dans les collections permanentes recèle aussi de merveilleux tableaux dont trois Mantegna, à ne pas rater en fin de visite …
C’est donc une sélection très partielle de la production fantastique de Botticelli qui nous est proposée. Elle insiste sur la qualité de dessinateur du peintre, une maîtrise acquise lors de son apprentissage auprès de l’orfèvre Botticello.
La seconde étape de sa formation commence avec son entrée dans l'atelier de Fra Filipo Lippi où il acquiert la technique de la peinture sur chevalet et de la fresque. Plus tard, il prendra aussi sous son aile Filippino, le fils de Filippo.
Sandro Botticelli lit beaucoup, ses compositions mythologiques sont d’une complexité que nous sommes bien en peine de décoder tant les symboles s'y bousculent.
On ne verra pas ici la Vénus sortant de l’onde - j'avais été très étonnée jadis en la découvrant à la Galerie des Offices de Florence en constatant sa relative petite taille - mais deux répliques de nymphes blondes en « Venus pudica », ainsi que le portrait de la belle Simonetta Vespucci, insurpassable, qui servit de modèle à plusieurs peintres de cette extraordinaire période.
Car Botticelli est un portraitiste génial comme le montre ce portrait posthume de Julien de Medicis, assassiné lors de la conjuration des Pazzi.
Sous l’égide des Médicis – mais hélas, on ne verra pas l’immense « Adoration des Mages » où figurent les trois chefs de la famille et l’autoportrait du peintre - il opère une synthèse entre le mythe antique et la philosophie poétique des humanistes florentins.
Plus tard, il sera influencé par les prêches violents de Jérôme Savonarole et ira jusqu’à jeter lui-même au bûcher des vanités certains de ses tableaux représentant des nus …
L’exposition insiste sur le processus de production au sein de l’atelier, où les élèves concourent à la « fabrication » des commandes. Mais on remarque – dans Le jugement de Pâris par exemple – certains passages qui révèlent sa participation directe.
En revanche, dans la dernière période, les œuvres de l'atelier sont moins abouties et utilisent la peinture à l’huile, alors que Botticelli a toujours utilisé la technique de la détrempe apprise dans l’atelier de Filippo Lippi.
Pour ma part, je reste sans voix devant les tondi, ces merveilleuses compositions de vierges à l’enfant en forme de rond, d’une fraîcheur sans égale dans toute la peinture.
Botticelli, artiste & designer, au musée jacquemart-André 158 boulevard Haussmann, ouvert tous les jours de 10h à 18h, jusqu’au 24 janvier.
Commentaires
Quel choc émotionnel quant à 12 ans, aux Offices à Florence, je me suis trouvée face aux tableaux de Botticelli. A jamais une vision exceptionnelle dans ma mémoire et l'éveil qui s'en est suivi pour la peinture au cours de mes voyages dans certains grands musées d'Europe (Louvre, National Gallery; l'Hermitage; Prado...).
Grazie Marie Pierre!
Aprire la giornata con i colori e le forme di Botticelli è un vero regalo!!!
Bonne journée