12 novembre 2021
60 jours qui ébranlèrent l'Occident, par Jacques Benoist-Méchin - Tome 3
Etudier l'histoire nous apporte bien des réminiscences de certaines réactions françaises devant les périls ...
Avant d’entamer la lecture du troisième tome de l’ouvrage consacré à la défaite de la France en mai et juin 1940, il convient de rappeler les options politiques de l’auteur.
Jacques Benoist-Méchin (1901 – 1983) a toujours été favorable à la réconciliation franco-allemande. Il admire Hitler qu’il voit en régénérateur de l’Europe. Collaborateur notoire – travaillant auprès de l’amiral Darlan – il milite en faveur de la création du STO, appelle à la résistance contre les Alliés ayant débarqué en Afrique du Nord en 1942.
Condamné à mort pour collaboration en 1947, il fut gracié par le Président Vincent Auriol et bénéficia d’une libération conditionnelle en novembre 1954. C’est donc pendant son emprisonnement qu’il entame son travail d’écriture et en particulier cette « somme » qui décrit, jour après jour, la période du 10 mai au 10 juillet 1940, qui est publiée en 1956 chez Albin Michel.
L’honnêteté oblige à dire que ce livre est d’une clarté exceptionnelle, et d’un apport historique évident, malgré les réserves qu’on peut marquer en ce qui concerne la description peu objective des caractères des principaux protagonistes de cette période dramatique. Le style est brillant, les références multiples, les citations pertinentes qui permettent au lecteur de se confronter aux textes.
Cette troisième partie porte spécifiquement sur les journées du 26 juin au 11 juillet. Sur 621 pages, 245 portent sur ces journées mais la majorité du livre concerne les portraits consacrés à Churchill, Léopold III, De Gaulle, Paul Reynaud, Gamelin, Weygand, Darlan, Chautemps, Lebrun, Jeanneney et Herriot, Laval et Pétain. Sans surprise, les éloges vont aux chefs militaires et en particulier au Maréchal. Et le portrait de Reynaud est particulièrement cruel.
Ces dernières journées de vie de la Troisième République sont marquées par l’irrésolution du gouvernement français devant l’étendue du désastre militaire. Deux questions se posent :
Comment faire pour obtenir le consentement anglais démentant l'accord contraire du 26 mars, avant de pouvoir demander à l’Allemagne victorieuse un armistice et faire cesser les combats ? Pour les Anglais, la seule préoccupation concerne la flotte française qui ne doit en aucun cas tomber aux mains de l’Allemagne et de l’Italie. Car Churchill n’a aucune confiance en la parole allemande. Devant le refus de la France de faire sortir sa flotte pour rejoindre les ports britanniques, il s'empare des navires déjà ancrés dans les ports anglais et leurs équipages puis attaque et détruit une partie importante des bâtiments à l’arrêt dans la rade de Mers-el-Kebir et à Dakar dès le 27 juin, décision prise par le Cabinet anglais à l’insu du général de Gaulle.
Deuxième événement, la liquidation des institutions républicaines. C’est Laval qui est à la manœuvre du 4 au 10 juillet. Cette liquidation - la mise en place d'une nouvelle Constitution - doit cependant se faire dans les formes légales. Le Maréchal Pétain, sauveur suprême - doit pouvoir gouverner sans être harcelé par le Parlement. La solution : réunir les 666 parlementaires afin qu’ils se dessaisissent eux-mêmes de leurs pouvoirs. Ce sera fait par 569 voix pour, 80 contre et 17 abstentions. Clap de fin pour la IIIème République.
Naturellement, la période traitée par l’auteur ne laisse pas présager de la politique du Maréchal : De Gaulle est très isolé à Londres, même si le gouvernement anglais l’a reconnu comme chef de tous les Français libres dès le 28 juin, et il ne parle pas de la politique pétainiste de collaboration et de répression des Juifs … C’est bien commode !
Et maintenant, pour avoir l'autre vision de cette période dramatique, il ne me reste qu'une solution : lire les Mémoires de Guerre du général De Gaulle !
60 jours qui ébranlèrent l’Occident, tome 3 – La fin du régime – par Jacques Benoist-Méchin (1956) – ouvrage réédité en collection Bouquins chez Robert laffont.
Commentaires
En fait, j'ai trouvé dans ma bibliothèque la suite de l'histoire, par un professeur histoirne de la diplomatie dont j'avais suivi le cours à Sciences Po : Jean-Baptiste Duroselle. Chez lui, il n'y a aucune distorsion possible ... Il a publié en 1982 "L'Abïme" qui couvre la période 1939 - 1945 .... Je reprends donc la suite des événements ....
Il est toujours intéressant de connaître le point de vue de l"' adversaire "même si on le désapprouve totalement..