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24 novembre 2021

Flamboyances parisiennes

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Quand le soleil éclate sur mon délicieux coin de rues … c’est magique.

J’habite ce secteur de Paris depuis 1978 et je m’en régale chaque jour. Hier, c’était une langue de feu sur cet arbre du Luxembourg près de la petite porte qui donne accès au jardin qui attira mon regard.

Mon terrain de chasse quotidien, c’est la rue Vavin, la rue Bréa, le boulevard Raspail, la rue de Fleurus et la rue d’Assas.

Longtemps, j’ai cru que le nom de Vavin correspondait à un homme politique oublié, comme tant de noms attribués aux rues de Paris. En fait, c’est bien plus prosaïque. Cette voie a été ouverte en 1831 sur un terrain appartenant à un certain Alexis Vavin.

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De la même façon, j’imaginais que Bréa était un hommage à la famille de peintres primitifs niçois Ludovico, Pietro, Antonio qui furent actifs dans l’arrière-pays niçois et génois au XVème siècle … Eh bien, non ! il est question d’un général, Jean-Baptiste Fidèle Bréa, fusillé pendant les journées révolutionnaires de juin 1848 alors qu’il venait parlementer devant une barricade.

 

 

 

 

L’édifice le plus marquant de ce territoire béni est l’immeuble construit entre 1912 et 1914 juste devant le square planté de paulownias. Conçu par les architectes Henri Sauvage et Charles Sarazin, c’est la première construction en gradins de Paris et, à l’origine, il s’agissait d’un projet destiné à des locataires aux ressources modestes.

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On y avait prévu des salles de sport et il devait comporter 9 niveaux. Mais le projet de cet immeuble intitulé « la sportive », malgré son option résolument hygiéniste, avec les chambres de bonne situées au même niveau que les appartements, des espaces communs - finalement non construits pour améliorer la rentabilité du projet - n’a pas séduit les investisseurs.

Les façades recouvertes de carreaux de faïence fournies par la société Boulenger à Choisy le Roi – comme dans le métro – répondaient aussi à la préoccupation de propreté, les gradins évitaient de porter ombrage aux autres constructions.

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Finalement, l’immeuble fut vendu en copropriété – ce serait une des premières du genre à Paris - à des acheteurs progressistes. C’est aujourd’hui l’un des mètres carrés les plus chers de Paris …

Je ne me lasse pas de l’admirer, en particulier les petites touches de bleu marine, qui rehaussent le blanc en plein soleil …même si j'ai toujours aussi une grande tendresse pour les immeubles haussmanniens classiques.

Heureux aussi donc les propriétaires des appartements en rotonde de cet immeuble du coin de la rue Vavin et de la rue Notre-Dame des Champs.

Posté par Bigmammy à 08:00 - Journal de bord - Commentaires [9] - Permalien [#]
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Commentaires

  • Cela me paraît étrange de concevoir un immeuble si stylé pour des foyers modestes, et ce d’autant plus avec des chambres de bonne.
    Y aurait-il eu des modifications architecturales de ce très bel immeuble avant même sa construction ?

    Posté par Magali, 24 novembre 2021 à 09:15
    • Revenus modestes ne signifiait pas "pauvres" mais membres de la classe moyenne ... Disons qu'on nommerait de tels immeubles des ILN (Immeubles à loyers normaux) et à l'époque, dès qu'un couple disposait d'un emploi stable - c'est à dire le mari - il était convenable d'avoir une "bonne". Les salaires étaient si bas !
      J'ai passé toute ma jeunesse dans un immeuble en briques rouges propriété de la Régie Immobilière de la Ville de Paris)  construit sur les terrains des fortifications dans les années 30. Les chambres de bonne étaient au 8ème étage, reliées aux cuisines des appartements par l'escalier de service ... Ces ensembles étaient occupés majoritairement par des petits fonctionnaires, professeurs ... etc. Mais nous n'avions pas de bonne : ma mère n'aurait pas supporté d'avoir quelqu'un dans les pattes ... et puis elle se souvenait de sa propre expérience à 14 ans ...
       
       
       
       

      Posté par Bigmammy, 24 novembre 2021 à 10:53
  • Lu dans le Moniteur du BTP : « Mais les calculs financiers qui permettaient théoriquement de rentabiliser ces immeubles en construisant 9 ou 10 niveaux sur ce modèle s'avérèrent totalement erronés : plus on montait dans les étages, plus le nombre de mètre carré diminuait dans une ville où l'espace coûtait déjà cher. Cette « perte sèche » découragea les actionnaires - privés - du maître d'ouvrage, philanthropes certes mais pas suicidaires. Finalement, l'immeuble de la rue Vavin fut construit sur 6 niveaux seulement et vendu par lot à des acquéreurs individuels, des bourgeois progressistes et non des ouvriers ».

    La chambre de bonne à l’étage de l’appartement, c’est un réel progrès : c’est le cas dans mon immeuble de 1925. Accessibles par l’escalier de service dans la cour, desservies par un long palier extérieur qui dessert aussi l’entrée de la cuisine, elles ont chacune un radiateur et, surtout, leurs propres wc, dont l’entrée est aussi sur ce palier ! Ces chambres, comme les wc, sont maintenant intégrées aux appartements, ou constituent un petit bureau ou une annexe.

    Posté par HK19, 24 novembre 2021 à 10:09
  • Merci pour toutes ces informations. Lorsque je travaillais à Paris et lorsque j’y vais en touriste maintenant, j’admire toujours les beaux immeubles et je suis très curieuse du mode de vie à leur origine.
    Me voici comblée. Merci

    Posté par Magali, 24 novembre 2021 à 11:09
  • Architecture parisienne

    Bonjour Madame,

    Je vois parfaitement à quel immeuble de la rue Bréa vous faites référence; de mémoire j'avais une amie qui y habitait il y a de nombreuses dizaines d'années...

    Je me rappelle des parties communes que je n'aimais pas forcément comme celles des immeubles des années 20,30, 40, 50 et même 60 que je trouve particulièrement hideuses, anxiogènes et finalement angoissantes...

    Beaucoup d'immeubles de type "Ateliers d'artistes" situés à Montparnasse ont des cages d'escalier lugubres, avec des ascenseurs de type industriels comme dans les film des immeubles new-yorkais (cf JF cherche Appartement pour mémoire).

    Rien ne vaut les beaux haussmanniens me direz-vous ou même les immeubles en pierres de Paris des années 1910 auxquels je trouve de plus en plus de charme et qui possèdent de très belles terrasses contrairement aux balcons de leurs congénères de début de siècle.

    Cependant je profite de votre Blog et de cette "Tribune Libre" qui m'est offerte sans réellement vous demander votre consentement éclairé pour déplorer le BRUIT INFERNAL que nous subissons dans notre jadis magnifique capitale.

    Tout est fait pour accentuer les pétarades de tous les engins en particulier motos, scooters, camions et voitures (quoique très modérés) ainsi que "gens" qui braillent et vitupèrent jusque très tard dans la nuit. Ne parlons même pas des travaux continuels la plupart du temps somptuaires et aux résultats décevants.

    Une ville qui ne se transforme pas meurt selon le précepte politico-économique?
    Dans ce cas qu'en est-il d'une ville qui est attaquée de toutes parts par la laideur, par l'absurdité politico-haineuse, par l'invraisemblable mise en chantier de projets dont les habitants ne veulent absolument pas?

    A mon grand regret je vais quitter cette ville devenue un ENFER pour ses habitants, amoureux historiques de cette splendide cité qui fut celle de mes parents et grands parents.

    Je n'ai que 40 ans mais je plie bagage avec famille et amis qui vont s'expatrier, s'extirper de ce qui fut naguère notre paradis et qui par la bêtise, le dogmatisme et la démagogie est devenu un cauchemar pour tous ceux qui ne sont pas étudiants, touristes ou nouveaux habitants (pour ne pas écrire un mot qui commence par B et se termine par O).

    Je lis avec plaisir que vous avez une somptueuse propriété dans le Lot me semble - t-il, et bien nous aussi nous mettons le cap à l'ouest en espérant que notre futur jardin d'Eden ne sera pas rattrapé par la folie furieuse de Paris.

    Toutes mes pensées vont aux quelques parisiens historiques ou amoureux de cette belle ville qui ont le courage de rester, parce que nous n'avons plus la Foi et nous ne sommes pas les seuls..

    Signé une future ex parisienne désabusée.

    Laura

    Posté par Laura, 24 novembre 2021 à 13:35
    • Je suis tout à fait d'accord avec vous en ce qui concerne le bruit en particulier.
      Nous avons la chance d'habiter dans un immeuble sur cour, parfaitement calme et cependant clair. Mais chaque fois que je passe la porte cochère qui donne sur la rue, je suis agressée par l'infernal tintamarre des véhicules : voitures, nombreux autobus ... et encore pire, je pense aux personnes qui sont en prise directe au droit d'une plaque d'égout disjointe : chaque fois qu'un passant pose le pied, un grand bruit - même la nuit - se produit, sans oublier le fracas de la lourde porte qui se referme sur les entrants et les sortants toute la journée ...
       
       
       
       

      Posté par Bigmammy, 24 novembre 2021 à 16:04
  • ....quant à moi, normande qui vient régulièrement à Paris, ce sont les yeux rivés au trottoir que j'en arpente ses rues. Vous en aurez compris la raison.
    Paris perd vraiment et effectivement, toute sa somptuosité.

    Posté par KAT, 25 novembre 2021 à 23:07
  • J'ai beaucoup aimé découvrir un peu de votre quartier de vie. Bises et amitiés.

    Posté par Jo, 28 novembre 2021 à 15:12
  • Merci pour cet article qui me rappelle ma jeunesse

    Mamie comme vous, je viens de créer un blog aujourd'hui même (http://justeblogmamie.canalblog.com). Cherchant d'autres blogs tenus par des grand-mères, je tombe sur le vôtre et plus particulièrement sur ce billet. Le hasard fait bien les choses car pendant ma jeunesse, étudiante à la faculté d'Assas j'ai arpenté les rues les rues Vavin, Bréa, d'Assas et le vieux Luxembourg si cher à mon coeur ! Les détails que vous donnez sur l'immeuble d'Henri Sauvage sont passionnants ! Je vais aller parcourir votre blog de ce pas...

    Posté par ileana, 02 décembre 2021 à 20:43

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