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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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8 février 2022

Le Seigneur-Chat, Philippe Berthelot, biographie de J-L Barré

seigneur chat

Pépite de poids découverte sur la table d’une librairie du boulevard Saint Germain … une épaisse biographie, d’un auteur renommé, l’image d’un homme au regard d’acier … me voilà sous emprise.

Qui connaît le nom, quel étudiant en relations internationales, connait le parcours atypique et l’influence majeure exercée par ce haut fonctionnaire du quai d’Orsay : Philippe Berthelot (1866 – 1934) sur la politique internationale de l'entre-deux guerres ?

Enfant difficile, fantasque, jeune homme attiré par la littérature mais qui, au lieu de publier sous son nom - sauf des critiques littéraires et des entrées dans une encyclopédie - qui va dédier tous ses efforts à faciliter la carrière d’écrivains majeurs mieux connus aujourd’hui pour leur œuvre littéraire que pour leur activité diplomatique : Paul Claudel, Paul Morand, Jean Giraudoux, Saint John Perse.

Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, sorte de ministre permanent palliant la valse des gouvernements, un poste créé sur mesure, il prône inlassablement le maintien de l’alliance avec l’Angleterre et le rapprochement avec l’Allemagne vaincue.

Elevé dans une famille exceptionnellement unie entre son père catholique savant de notoriété internationale très impliqué en politique - Marcellin Berthelot - et sa mère protestante, issue de la dynastie d’horlogers Bréguet, Philippe Berthelot fut un haut fonctionnaire hyperactif, incontournable, arrogant, influent et même parfois se substituant à l’action de ses ministres successifs : Clémenceau puis Briand, tout en se faisant un ennemi redoutable de Poincaré.

Joueur – sur un coup de poker heureux, il finance de ses deniers un court de tennis au quai d’Orsay – homme à femmes, travailleur compulsif le jour qui passe ses nuits dans les lieux de plaisir et les théâtres, fasciné par la Chine, Philippe Berthelot est le pilier incontournable de la diplomatie française dans les temps troublés qui précèdent et suivent les ravages de la Grande guerre, qui lui apparaissait comme un immense défi lancé à l’intelligence.

 

440px-Philippe_Berthelot

 

Berthelot

Avec Clémenceau puis Aristide Briand, il se heurte avec violence à Poincaré qui précipite sa chute à l’occasion de la crise de la Banque Industrielle de Chine dont le président est son frère aîné André, mais il reviendra plus fort aux affaires avec le retour de Briand.

Sa rivalité avec Poincaré éclate dans le roman de Giraudoux Bella, et le portrait de deux familles antagonistes, les Rebendart et les Dubardeau, où il incarne Philippe Dubardeau, l’indispensable second des grands hommes.

Impénétrable, visionnaire à la personnalité provocante qui semble énivrer ses détracteurs de préjugés et de haine : j’ai dévoré cette biographie écrite avec élégance comme on lit un roman à suspens.

Cet athlète à la moustache fournie, au visage rectangulaire impressionnant et à la crinière brune bouclée, cet ami indéfectible des arts et surtout de la littérature de son temps, se détendait en compagnie des chats …

Il est mort à la tâche, continuant à voyager en Europe pour sauvegarder la paix, sans se soucier d’une maladie cardiaque menaçante et qui a fini par le terrasser, au lendemain de l’arrivée au pouvoir d’Hitler.

 

Le Seigneur-Chat, biographie de Jean-Luc Barré, édité chez Plon, 471 p., 23€

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Merci pour cette découverte !
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