Ce film a râflé une moisson de trophées - 7 Césars - et c'est totalement légitime.

Un film en costumes, mais une adpaptation très (trop ?) contemporaine du célèbre roman de Balzac (que je n'ai pas lu !), une intérprétation magnifique ... que demander de plus ?

J'ai réussi à convaincre Claude m'accompagner, puisque le cinéma MK2 Montparnasse donnait une séance à 16 heures, donc juste après sa sieste quotidienne : et il a beaucoup apprécié.

Certes, le film dure plus de deux heures, mais l'intrigue le nécessite. De mon humble point de vue, ce roman ainsi filmé ferait un tabac en série de plusieurs épisodes sur une plate-forme comme Prime ou Netflix ...

La réalisation est parfaite : des images, des décors, des costumes, l'ambiance de cette période folle de la Restauration, les débuts de la Presse d'opinion et ses dérives, la corruption généralisée : "Tout s"achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes."

Tout comme aujourd'hui, en somme. Le retour des castes sociales, ceux qui ont survécu après la période sanglante révolutionnaire, en est la preuve.

Les "fake news" se répandent : on les appelle des "canards", les spéculateurs commencent à truster l'expression de l'opinion ... Rien ne change dans notre civilisation dite des "Lumières". La critique de la critique est d'une cruauté tragique, sans doute un trait un peu forcé du réalisateur. Il faudrait vraiment que je lise le roman "source" pour voir si Balzac se venge ou pas ...

La distribution est éblouissante : le jeune héros, Lucien, est incarné par un visage encore peu connu : Benjamin Voisin (25 ans), qui n'a pas usurpé son César de l'espoir masculin - et dont le critique Franck Finance-Madureira dit qu'il est " le meilleur acteur français de sa génération."

Je le pense aussi. Mais il y a aussi les deux triplettes : Xavier Dolan (acteur, scénariste et réaisateur canadien précoce et lui aussi césarisé), Vincent Lacoste et Gérard Depardieu, et chez les femmes : Cécile De France, Jeanne Balibar et Salomé Dewaels. Sans oublier Jean-François Stévenin, hélas disparu en juillet dernier, André Marcon, Louis-Do de Lencquesaing.

Bref, c'est un film à voir et à revoir - sans doute prochainement à la télévision qui a largement contribué à la production.

Un seul bémol :

Coralie, la jeune comédienne aux bas rouges, amante de Lucien, meurt de tuberculose pulmonaire, un mal très répandu à cette époque où nul traitement n'existe  ... sauf qu'elle présente encore un embonpoint totalement invraisemblable. J'en sais personnellement quelque chose, puisqu'au même âge, j'en fus victime ...

Mais c'est sans doute ce que l'on appelle la licence poétique.

Illusions perdues, film de Xavier Giannoli (2021), 2h 29 mn. produit par Curiosa et Gaumont