25 mars 2022
BOILLY, chroniques parisiennes au musée Cognacq-Jay
Il y avait presque 5 ans que je n’étais pas revenue visiter ce délicieux musée Cognacq-Jay logé dans l'hôtel Donon d'époque Renaissance, en plein quartier du Marais.
Cette fois, c’est pour moi la découverte d’un grand peintre, un autodidacte virtuose : Louis-Léopold Boilly (1761 – 1845).
Il était contemporain d’Elisabeth Vigée-Lebrun, Jean-Baptiste Isabey, François Gérard, Jacques-Louis David ou Pierre-Etienne Redouté.
Des artistes qui ont traversé deux révolutions …
Boilly est un portraitiste d’une minutie incroyable : caricaturiste, spécialiste de scènes de genre, de groupes de personnages en mouvement – comme ces scènes de personnes agglutinées devant l’entrée du théâtre de l’Ambigu-Comique où l’on distribue des billets gratuits ou l’arrivée de la diligence dans la cour des Messageries, ou encore une Distribution de pain aux Champs-Elysées.
On remarque ses extraordinaires portraits d’hommes au crayon, sa technique de production en série de petits portraits : tous au même format, qui demandent seulement 2 heures de pose.
Il « photographie » des scènes de cafés, des petits tableaux galants dont certains sur les amours saphiques, il sera même traîné en justice par un de ses confrères lillois en 1794 …
Boilly expose régulièrement au Salon, dont La réunion d’artistes dans l’atelier d’Isabey qui le rend célèbre en 1798.
C’est un artiste friand de techniques nouvelles : il signe le premier essai lithographique connu en France. Il est l’inventeur du concept et du mot « trompe-l’œil ».
Dans une douce pénombre, l’exposition se déploie parmi les collections permanentes du musée : des autoportraits – dont l’un en sans-culotte (vers 1793), chroniques parisiennes, spectacle des boulevards, visages de parisiens – ne pas manquer ses Grimaces, ces lithographies tirées en couleurs, illusions d’optique, des boudoirs aux boulevards.
Boilly est un travailleur acharné : on lui connaît 4500 portraits, 500 scènes de genre … A la fois peintre de la vie quotidienne, faisant partager son regard mordant sur son époque bousculée, un talent de dessinateur exceptionnel qui préfigure la découverte proche de la photographie.
Un talent exceptionnel dont je n’avais jusqu’ici jamais entendu parler.
Boilly, chroniques parisiennes, exposition au musée Cognacq-Jay jusqu’au 26 juin, 8 rue Elzévir Paris 3 ème, tous les jours sauf le lundi de 11h à 18 h., 8€. Commissariat général : Annick Lemoine et Sixtine de Saint-Léger.
Je m'étonne un peu de cette découverte : vous qui visitez, comme moi, tant d'expositions, avez eu certainement l'occasion de déjà voir certaines de ses oeuvres, tellement reconnaissables, irremplaçables pour le spectacle de la vie quotidienne.
En revanche, je découvre les miniatures : l'accrochage que vous montrez est impressionnant.