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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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30 mars 2022

Orientation post-bac : c'était comment de mon temps ?

péniche2

Aujourd'hui, j'imagine les angoisses des élèves de Terminale qui viennent depuis hier soir de formuler leurs voeux sur la plateforme Parcoursup.

Laissez-moi vous raconter comment cela se passait au début des années 60 ... Comment moi, fille de petit fonctionnaire (catégorie C), j'ai eu la chance de suivre des études enthousiasmantes qui ont conditionné toute ma carrière et aussi toute ma vie ...

Il y eut, un dimanche de juin 1964, un déjeuner à la maison.

Un couple d'amis de mon père et leur grand fils, timide. Je voyais mes parents arriver avec leurs gros sabots. Le jeune homme aussi, je le sentais particulièrement réservé, nul n’était dupe. Amical, voire protecteur, mais pas entreprenant du tout. Cela me convenait très bien. Néanmoins, il me parla du plaisir qu’il éprouvait dans les études qu’il menait à Sciences Po.

Je n’avais jamais entendu parler, sauf de très loin, très flou, de cette école fantasmée ou même qu’elle fut accessible simplement après le bac. Au lycée, nous n’avions reçu aucune information sur les orientations qui s’ouvraient à nous en fonction de nos aptitudes ou préférences, c’était la débrouille complète. Donc le plus souvent des exemples puisés dans les relations familiales. Le système scolaire - déjà submergé par l'afflux des élèves du baby boom - considérait que les parents devaient s’informer tout seuls. A la limite, c’est toujours encore le cas aujourd’hui pour décrocher un stage, voire un job …

IEP

Dans mon esprit, Sciences Po était une institution réservée aux enfants de l’élite intellectuelle et sociale, avec nom à particule si possible, à ceux qui se destinaient à entrer dans la carrière diplomatique, et qu’une fille de petit fonctionnaire n’avait aucune chance d’y poursuivre des études. On n’y pensait même pas. Mes résultats au baccalauréat étaient très moyens. Je m'étais complètement "vautrée" en philo, rattrappée grâce à l'Histoire et à l'Allemand.

Cependant Camille G. m’expliquait quels types d’enseignements très diversifiés y étaient dispensés, que l’institut était un établissement public – donc gratuit - rattaché à l’Université et non une école privée comme l’avait fondée Emile Boutmy au lendemain de la défaite de 1871.

Les droits d’inscription étaient raisonnables : 160 Francs – ce qui représente aujourd’hui environ 300 Euros - il s’y sentait particulièrement heureux, se destinant à la Magistrature. En fin de conversation, il me proposa de visiter l’école en sa compagnie, pour me faire une idée plus concrète …  J’ai accepté avec curiosité.

Quand j’ai pénétré dans le grand hall d’accueil, très vivant en ce mois de juin, j’ai été bluffée. C’est incroyable le choc que représente le passage soudain d’un monde à l’autre … et la petite voix qui vous suggère : c’est là que je veux étudier, apprendre, ici et nulle part ailleurs. Au milieu, une longue banquette de bois verni – la Péniche – sous un éclairage en pavés de verre, avec à droite un grand vestiaire où des dames et des appariteurs prenaient les vêtements des étudiants en échange d’un jeton comme au théâtre. Des groupes de jeunes en grande discussion, des panneaux d’affichage fournis … des portes d'un grand amphithéâtre battantes, un brouhaha sympathique.

Je me suis procurée rapidement la « Bible », un livre relié qui donnait en détails le programme des cours – certains fondamentaux, d’autres optionnels – et des matières mises au concours d’entrée en Année préparatoire. Ce qui me plaisait surtout, c'est que les études ne duraient que trois ans, et que l'effectif était vraiment mixte - pas comme HEC qui avait un département à part, pour les Jeunes filles ...

J'ai révisé pendant les vacances les matières prévues à l'examen, sans trop y croire. J'y suis allée sans trop de stress. J'ai eu la chance de réussir. Aujourd'hui, je ne sais vraiment pas comment. Mon bon ange était sur mon épaule ce jour là ...

Je ne suis pas persuadée que les conseils d'orientation des élèves se soient considérablement améliorés depuis. L'information est un trésor !

Commentaires
I
J'ai fait mes études, un peu plus tard, jusqu'à la première, dans un lycée de banlieue. Je n'ai jamais entendu parler des classes préparatoires, pourtant indispensables pour entrer dans une école d'ingénieur. J'ai eu la chance, malgré un bac obtenu de justesse, sans mention, d'intégrer une fac parisienne. Que j'ai poursuivie jusqu'à la soutenance d'une thèse, obtenue avec mention très bien et félicitations du jury. Puis j'ai fait une carrière de scientifique et d'expert international (mais avec un salaire relativement modeste, comme dans tous les établissements publics). Comme quoi, avec un parcours au lycée chaotique, on pouvait quand même s'en sortir. Je pense que ce ne serait plus le cas aujourd'hui...
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M
Je suis tout à fait d'accord avec vous : ce qui manque cruellement dans l'enseignement secondaire, ce sont les méthodes de travail. Comment structurer la pensée, hiérarchiser les idées, faire un plan, développer une argumentation. J'ai découvert - avec étonnement et colère rétrospective - ces outils en Année préparatoire et cela a changé mon approche de l'univers professionnel. Mais sans doute, ces matières ne sont-elles pas enseignées dans les instituts de formation des enseignants ?
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A
En 1995 pour moi c’était aussi encore à la débrouille. Dans mon petit lycée (Catholique) de Vendee il n’y avait pas beaucoup d’informations et pas encore d’accès à Internet pour faire des recherches. Une chance qu’une fille de ma classe de Term ait eu une grande sœur déjà en université qui a fait passer des dépliants !! Et pour moi lire la plaquette de l Institut de Perfectionnement en Langues Vivantes de la Catho d’Angers fut une révélation ! Je me suis inscrite à l’Examen d’ entrée in extremis (il restait une semaine !) et j’ai été reçu ! Les études furent éprouvantes mais intéressantes et surtout m’ont donné une structure et des méthodes de travail exemplaires
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M
J’ai fait mes études dans un lycée de province. Mes observations seront bien proches des vôtres, si ce n’est que nous connaissions Normale Sup. J’étais la première de la famille à vouloir poursuivre mes études après mon Bac obtenu avec mention sans avoir beaucoup travaillé je l’avoue ; les connaissance de mes parents étaient aussi ignares en matière d’études supérieures.<br /> <br /> Je me suis inscrite à la faculté de Droit, plus par sagesse que par goût. C’était triste et trop rigide pour moi. J’ai envié plus tard ceux qui avaient Science Po, l’enseignement qui y était donné m’aurait bien mieux correspondu.<br /> <br /> Qu’aurais-je fait aujourd’hui ? Je pense que j’aurais été paniquée par le recrutement actuel. Parcourrions.
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