Toujours heureuse de découvrir, à l’occasion d’une flânerie dans ma librairie préférée, une nouvelle auteure. Ici, un roman foisonnant, le sixième de Dolores Redondo, née en1969 …

Inutile de chercher à résumer les 750 pages d’une enquête aux  multiples allers-et-retours entre le présent – l’été 2005 – et le passé – dans une petite ville du pays basque espagnol, Elizondo, une dizaine d’années auparavant, où un drame intime s’est joué pour l’héroïne principale.

Elle, c’est Amaia Salazar. Jeune, belle, fière, secrète, prodigieusement intelligente, lestée d’un terrible secret que l’on découvre au fil des chapitres.

Sous-inspectrice à la police forale de Navarre, elle effectue un stage auprès du FBI à Quantico, au département d’analyse comportementale dirigé par l’agent Aloïsius Dupree, 44 ans, originaire de Louisiane, mince et élégant, qui leur expose les travaux de Noah Scott Sharrington (de Scotland Yard) sur les meurtriers en série.

Le cas soumis est la recherche d’un criminel familial, un cas non élucidé depuis 18 ans, ce genre de tueur familial qui a disparu dans la nature … on pense à l’affaire Dupont de Ligonnès …

Les recherches conduisent l’équipe d’inspecteurs à La Nouvelle Orléans, juste au moment de la catastrophe causée par l’ouragan Katrina, qui a entièrement dévasté la région du 23 au 31 août 2005.

La description de la situation cataclysmique oscille entre l’Enfer de Dante et l’Apocalypse : les eaux ont piégé des milliers de victimes, les quartiers les plus pauvres habités par des afro-américains sont dévastés, la chaleur omniprésente, les réfugiés manquent de tout, le racisme affleure, des deux côtés, les gens se tirent dessus, toutes communications sont rompues : pas de quoi faciliter la traque d’un tueur dont la spécialité est justement d’intervenir à l’occasion de catastrophes naturelles.

Amaia est forte, son intuition est particulièrement efficace. Dans cette région lourde de croyances anciennes – le vaudou – elle retrouve des similitudes avec les légendes du Pays basque. Ses terreurs anciennes lui reviennent en mémoire.

Car « Mourir comme naître, n’est pas simple. On peut le faire seul, mais il vaut mieux être aidé, avoir quelqu’un qui nous attend des deux côtés du chemin. »

Particulièrement bien traduit, ce thriller réserve de multiples surprises. Il faut le lire d’un trait, et je recommande de prendre des notes pour situer l’ensemble des personnages, tous attachants.

Une bonne pioche sur la table des nouveautés de ma librairie !

La face nord du cœur, thriller de Dolores Redondo, traduit de l’espagnol par Anne Plantagenet, publié chez Gallimard, collection Folio policier, 768 p., 9,80€