03 mai 2022
Patience
Selon Wikipedia, la patience est l'aptitude d'un individu à se maîtriser face à une attente, à rester calme dans une situation de tension ou face à des difficultés, ou encore la qualité de persévérance.
Et je suis très loin de maîtriser ces comportements, bien au contraire. J’ai toujours été une impatiente, avec en moi l’absurde nécessité de faire avancer plusieurs chantiers « en même temps ».
Et ce défaut, me disent mes filles et elles ont raison, s'aggrave avec le temps.
Je me souviens encore de mon émerveillement, dans les années quatre-vingt, devant la découverte du concept informatique de « fenêtres » simultanées sur l’écran d’ordinateur. On ouvrait une fenêtre, on commençait à y travailler, puis une nouvelle idée traversait l’esprit et on la consignait dans une nouvelle fenêtre … Avant de les refermer, après vérification, l’une après l’autre, en fin de session de travail …
Les femmes au foyer comme les actives ont appris cette jonglerie quotidienne depuis des millénaires, ce qui les a rendues terriblement efficaces dans la vie professionnelle comme dans leur vie de famille … Et moi, je me suis droguée très tôt à cette jouissive hyperactivité.
Aujourd’hui en revanche, je me sens « encrouée » dans l’attente de l’évolution de la maladie. Une à une, des « fenêtres » se ferment. Je passe un temps fou à attendre un rendez-vous médical, une intervention, une place dans une file d’attente … Car en effet, les malades sont appelés « patients ».
J’apprends un peu chaque jour : une convocation à l’hôpital, les prochaines séances de radiothérapie ou de chimiothérapie (dont on me dit qu’elles se poursuivront sur 48 heures), le verdict d’un examen de contrôle.
Les quatre prochains mois vont me sembler une éternité. Et encore, je suis "privilégiée" car je sais ce qui m'attend pour avoir déjà vécu une période semblable il y a plus de vingt ans.
Mes filles ont raison de m’inciter au calme, mais c’est bien difficile à mon âge de changer de comportement. Je n’ai jamais été zen. Et toute la gestion de ma santé comme celle de Claude, celle de ma maison, m’incombe à 100% désormais.
J’ai l'immense chance de les avoir, solidaires, présentes, attentionnées, inventives, disponibles.
Mes filles vont m’apprendre, je ne demande que ça.
Ci-contre, une représentation de la patience par Wilhelm Trübner, peintre allemand (1878)
Commentaires
La patience du patient... L'angoisse du patient pour sa santé et pour ceux qui entourent, qui portent ou que l'on porte. Avez vous tenté de vous détendre ? Quelques séances de respiration, un peu de yoga ? Je n'y croyais pas et pourtant c'est utile. (moi aussi Kdu sein grade 3). Je vous envoie des pensées positives.
Je vous accompagne par la pensée dans votre parcours de santé tout en prenant soin de Claude, que de défis qui sont un peu "adoucis" par la présence d'une famille et d'amis aimants. Toutefois, même avec l'aide de beaucoup, traverser une épreuve pareille - même deux - demande encore plus de forces et de soutien.
Par déformation professionnelle de soignante, je suis très patiente mais souvent à mon détriment.
Par contre cela m a beaucoup aidé lors de ma longue & difficile hospitalisation l an dernier surtout sans visite (Covid oblige)
En oncologie, du moins dans les centres anti cancéreux, il y a des IDE formées à la sophrologie, c est aidant pour beaucoup ,Je vous comprends tellement bien ! Toutes ces fenêtres ouvertes à la fois me concernent également. La vie est faite pour toucher à tout, goûter à tout me semble-t-il. Personne ne comprend cela dans mon entourage, à part ma fille peut-être. Et parallèlement, toutes les actions du quotidien sans intérêt, tout ce temps dit "perdu", quelques personnes en travers de mon chemin m'irritent prodigieusement.
Et les meilleurs conseils du monde ne changent pas fondamentalement ma vision des choses... Bon courage Bigmammy, il faudra trouver une ressource interne pour traverser cela sans trop d'amertume.
Je suis admirative -Quel courage Je pense fort à a vous