A l’heure où une liberté difficilement acquise est supprimée aux Etats-Unis, il est bon de se souvenir de ces femmes qui, au dix-neuvième siècle en particulier, ont bataillé pour obtenir des droits et souhaiter l’égalité.

J’évoque ici le destin de l’une d’entre elles, moins connue qu’Olympe de Gouges, Théroigne de Méricourt ou George Sand  …

Flora Tristan (1803 – 1844) se définissait comme « aristocrate déchue, femme socialiste et ouvrière féministe". C’est aussi la grand-mère de Paul Gauguin, un petit-fils qu’elle n’a jamais connu.

Fille d’un noble espagnol vivant au Pérou et d’une française catholique émigrée et désargentée, elle perd son père à l’âge de 4 ans. Le mariage de ses parents ayant été célébré par un prêtre réfractaire n’est pas reconnu par le mariage civil et elle et sa mère sont déboutées de tous leurs droits à l’héritage.

Flora travaille pour vivre  dans l’atelier de typographie d’André Chazal que sa mère la pousse à épouser pour lui procurer une situation. Mais Chazal est violent, il la bat, elle fuit le domicile conjugal, confie ses enfants à sa mère, voyage en Angleterre, écrit et se fait publier, raconte qu’elle serait la fille de Simon Bolivar, rencontre Charles Fourier, Saint Simon, Owen, part au Pérou pour tenter de recouvrer son héritage – avec un maigre succès.

Chazal la poursuit, enlève sa fille à plusieurs reprises, finit par lui tirer un coup de révolver dont la balle reste dans son corps tout près du cœur. Elle est très affaiblie. Elle meurt de la fièvre typhoïde à 41 ans.

Parmi ses écrits : Pérégrinations d’une Paria (1837), Promenades dans Londres (1840), L’Union ouvrière (1843), Tour de France (1843 – 44), L’émancipation de la femme ou le testament de la Paria (posthume).

Flora Tristan prône le mutualisme et le compagnonnage. Selon elle, l’organisation politique, économique et sociale de l’Angleterre « réduit à la misère et à la servitude les vingt millions de prolétaires des îles britanniques et de de tous les peuples sous leur domination. »

C’est une des figures qui ont marqué leur époque et fait avancer la cause des femmes. Mais quel tragique destin !