Tout le monde connait mon addiction à l’histoire et en particulier à celle de la seconde guerre mondiale, dont les effets continuent à pourrir la politique internationale.

Je ne compte plus les ouvrages que j’ai lus sur cette époque terrible où une partie de l’humanité a sombré dans la barbarie, la stigmatisation, l’exclusion puis l’anéantissement. (Et ce n'était qu'un début !)

Comment notre France d’il y a 80 ans, pas si différente de la France d’aujourd’hui, a-t-elle pu tolérer une telle horreur : l’antisémitisme ? Comment se fait-il que ce poison insidieux ressorte aujourd'ui sous d’autres formes parfois subtiles, parfois grossières, parfois criminelles en une expression largement désinhibée, tolérée au nom d’une liberté d’expression fleurissant sous couvert d’anonymat via les réseaux sociaux ?

Depuis très longtemps, j’admire la résilience, la fortitude, la discrétion des Juifs de quelque origine qu’ils soient. J'éprouve une certaine fascination devant leurs aptitudes et succès dans les professions artistiques et intellectuelles. Sans doute grâce à leur proximité avec les textes bibliques, la tradition des études et des débats critiques.

Aussi ai-je été particulièrement émue à l’écoute attentive du discours du Président de la République devant la gare de Pithiviers. Une mise au point factuelle une nouvelle fois bienvenue pour rappeler comment le régime autoritaire de Vichy et très précisément Pétain ont initié puis mis en oeuvre la politique d’exclusion des Juifs, communistes, tziganes, francs-maçons et homosexuels, devançant les exigences des nazis.

Il a rappelé aussi combien l’enseignement de notre histoire ne doit laisser aucun secteur dans l’ombre et comment la mémoire de ces horreurs doit être entretenue auprès des jeunes générations qui n'en savent la plupart du temps absolument rien et sont gavés de propos manipulatoires. Ce qui signifie aussi la reconnaissance et la responsabilité de la Nation vis-à-vis des Juifs (...et de la colonisation !).

Hélas, Vichy était aussi la France en 1940, ce que ne voulaient pas voir les hommes politiques jusqu’en 1995 et la déclaration du président Chirac. Il n’était que temps !

Hélas en effet l’antisémitisme d’aujourd’hui vient de loin, car nous devons constater avec consternation la violence des attaques d’une certaine Presse à l’époque de l’affaire  Dreyfus, jamais totalement disparue – et ce n’est pas qu'un "détail de l’Histoire de la seconde guerre mondiale". Ce qui ‘étonne, c’est que cette inclination funeste n’émane plus seulement d’une certaine partie de la Droite mais a gangréné aussi l’extrême Gauche.

Dans ma vie personnelle, je me souviens de certaines remarques dépréciatives de mes parents à la lecture de certains patronymes, une sorte de réflexe pavlovien … jusqu’à ce que je les mette en face de l’excellent film de Michel Mitrani : « Les guichets du Louvre » (1974). A dire vrai, je n’ai jamais compris cette haine charriée depuis des siècles par les intolérants de tous bords …

Il nous faut donc insister, chacun à son niveau, ne jamais céder ni tolérer ou ignorer certaines déclarations insupportables, revisiter les programmes d’histoire, raconter sans relache à nos petits-enfants ce qui s’est passé en 1940, leur donner le gout de l’Histoire.

Vaste programme !

Quelques ouvrages et films de référence : La France de Vichy, Mémoires de Serge et Beate Klarsfeld, Pétain, La rafle du Vel d’Hiv, Le chagrin et la pitié, Shoah, La liste de Schlindler, La vie est belle … et tant d’autres.