28 août 2022
Maximilien Robespierre, biographie de Hervé Lewers
Maximilien Robespierre (1758 – 1794) fut-il un monstre ou un saint ?
Une idole qui a abusé de sa popularité pour usurper le pouvoir ou un ardent démocrate désintéressé, martyr des droits de l’homme ? En réalité, ses derniers jours occultent largement sa personnalité ...
L’ouvrage d’Hervé Leuwers permet d’aller au-delà de la légende noire et de comprendre pourquoi les idées de cet avocat brillant continuent à irriguer une partie de la classe politique française.
A Arras, on accuse le jeune avocat de trop souvent défendre la cause des faibles et des opprimés contre les puissants. Il combat les préjugés, entraves au bonheur qu’il faut abattre, incite à soulager la misère du peuple, défend les bâtards, punir les pères qui abandonnent leurs enfants (son cas personnel), combat les lettres de cachet.
Robespierre est élu député aux Etats généraux le 20 avril 1789.
Il se réjouit bientôt d’une révolution opérée en accord avec Louis XVI et avec le soutien du clergé. Il espère en la victoire du patriotisme sur le despotisme et l’aristocratie, estime qu’un roi est compatible avec l’esprit républicain, l’essentiel résidant dans la transmission effective du pouvoir législatif à la Nation. Il s’oppose à toute forme de veto.
Son objectif est de garantir l’égalité du droit de vote, d’éligibilité et d’accès à la Garde nationale à tout homme de plus de 25 ans, y compris les Juifs, les comédiens, les protestants et les « libres de couleur » mais ne propose pas l’abolition de l’esclavage.
La devise « Liberté, égalité, fraternité » émane de lui. Il souhaite l’abolition de la peine de mort contre les crimes de droit commun mais pas contre ceux qui menacent la société.
Sa popularité – notamment auprès des femmes – lui vaut des adversaires qui le qualifient de monstre dès 1790. On le soupçonne d’aspirer à la dictature. Résolument hostile à la guerre offensive, sa renommée inquiète les patriotes. L’incorruptible de la Constituante est accusé de s’être laissé griser par son succès : il s’attaque violemment aux « brissotins » (Girondins).
Tout bascule après le 10 août et les massacres de septembre que Robespierre présente comme des « exécutions populaires » impossibles à contenir.
Robespierre vote la mort du roi, en contradiction avec ses positions précédentes, car le roi a rompu le pacte politique, est devenu un tyran et que la Société a pu se ressaisir de ses droits et le renverser.
Avec l’insurrection en Vendée, le discours se durcit, les heurts se multiplient à l’Assemblée où Robespierre dénonce les conspirateurs et les traîtres. Il entre au Comité de Salut public le 27 juillet 1794, devient président des Jacobins le 7 août, puis de la Convention le 22. Mais il s’oppose à l’application de la Constitution de 1793 - qu'il a largement inspirée - dans l’attente du retour au calme. Cette constitution ne sera jamais appliquée, même si elle est très souvent évoquée à gauche.
La vague de répression de 1794, ou Terreur, est celle d’une justice politique implacable, avec pour objectif l’élimination de la « race des traîtres et des usurpateurs », des aristocrates. Robespierre craint néanmoins que trop de Révolution ne tue la Révolution.
L’élimination de Danton et Desmoulins ne semble pas l’affaiblir, mais il est de plus en plus isolé. Accusé bientôt de tyrannie voire de royalisme – on le soupçonne de vouloir épouser la fille de Louis XVI ! – c’est sa popularité qui cause sa chute le 9 thermidor.
Monstre ou martyr ? Nombre de ses propositions continuent à fleurir auprès de certaines mouvances de notre gauche comme la possibilité pour les électeurs de récuser leurs représentants, le non cumul des mandats … et ses écrits furent longuement étudiés par Lénine …
Maximilien Robespierre, l’homme derrière les légendes, biographie de Hervé Leuwers, édité aux Presses universitaires de France, 261 p., 15€
Personnalité et parcours particulièrement complexes !