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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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1 septembre 2022

L'air était tout en feu, roman historique de Camille Pascal

Camille Pascal

Camille Pascal excelle à décrire les périodes de crise, de basculement des alliances, de complots réussis ou ratés …

J’avais adoré « L’été des quatre rois ». J’avoue avoir été un peu déçue de ce nouveau roman, malgré d’indéniables qualités qui en font un vrai scénario de film … sauf que ce film a déjà été tourné en 1975 par Bertrand Tavernier avec Philippe Noiret dans le rôle du Régent et Jean Rochefort dans celui de l’abbé Dubois (1975).

On ressent donc hélas un effet de « déjà vu », et l’extrême attention apportée au style parodiant celui du XVIIIème siècle n’ajoute que peu de plaisir à la lecture : le narrateur en fait un peu trop.

Nous sommes au printemps 1718, trois ans après la disparition du Roi Soleil. Par son testament et ses codicilles, le roi avait réglé sa succession en stipulant que son neveu Philippe d’Orléans serait institué « président du conseil de régence » - titre essentiellement honorifique – tandis que la réalité du pouvoir serait conférée au duc du Maine, bâtard légitimé et fils préféré qu'il a eu de Madame de Montespan.

Philippe d’Orléans, prenant appui sur le Parlement auquel il accorde un droit de remontrance élargi, fait casser ce testament et devient Régent du jeune Louis XV qui n’a que 5 ans et dont tout le monde attend une mort rapide.

Le malheur du duc du Maine, enfant chéri de Madame de Maintenon qui l’a élevé, bossu, boiteux et velléitaire est d’avoir épousé Louise-Bénédicte de Bourbon – une fille de sang royal, elle – haute comme trois pommes mais qui tient une véritable cour au château de Sceaux, complètement allumée et qui hait le Régent au point de fomenter une conspiration visant à enlever Philippe d’Orléans puis à réunir les couronnes de France et d’Espagne sous l’autorité de Philippe V d’Espagne, petit-fils de Louis XIV, qui rendrait à son mari les attributs dus à sa naissance.

Tandis que l’abbé Dubois, négocie la Quadruple alliance entre l’Angleterre, les Provinces Unies (pays protestants), le saint Empire et la France contre les velléités d’expansion de l’Espagne, la duchesse du Maine s’abouche avec l’ambassadeur d’Espagne auprès du roi de France, le prince de Cellamare. Elle veut soulever les provinces – en particulier la Bretagne – au risque de provoquer une fronde et une nouvelle guerre de succession en cas de décès prématuré du jeune Louis XV et commence à faire circonvenir les chefs des principales forteresses de France.

Décors somptueux, personnages diaboliques, dialogues reconstitués d’après les nombreux mémoires laissés par les différents protagonistes, le complot met en jeu trop d’éminents acteurs pour rester secret. Le Régent et son âme damnée et principal ministre Dubois ont des espions partout, l’affaire s’ébruite. Philippe d’Orléans mettra dans sa poche les princes du sang – qui méprisent les bâtards légitimés - menacera les membres du parlement, et sera ferme envers les coupables … embastillés puis bientôt exilés sur leurs terres. Une tragédie presque burlesque, des haines recuites explosant au grand jour, l’extrême sensibilité des « grands » vis-à-vis de leur rang dans une société arque boutée sur ses privilèges …

Des mœurs politiques décrites par un historien qui a connu les arcanes du pouvoir, des sentiments pas tellement éloignés des luttes politiques actuelles, même au sein du même parti … Et pour tous ceux que cette période compliquée intéresse, je recommande aussi "Une fille du Régent", d'Alexandre Dumas (1845).

 

L’air était tout en feu, roman historique de Camille Pascal, édité ches Robert Laffont, 348p., 22€

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