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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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14 décembre 2022

La bataille de Moscou, par Andrew Nagorski (2007)

bataille Moscou

Je continue à rechercher les similitudes de comportement entre dictateurs sanguinaires … Ce livre (publié en 2007) montre de façon symétrique comment Hitler et Staline avaient en commun le défaut de ne jamais regarder la réalité factuelle en face, et de ne pas écouter leurs collaborateurs les plus compétents.

On nous a abreuvé d’arguments montrant que le tournant de la Seconde guerre mondiale était la victoire des armées soviétiques à Stalingrad. On nous a aussi parlé de la célèbre bataille de Koursk et du siège de Leningrad.

En revanche, la bataille stratégique la plus meurtrière – de deux côtés mais deux fois plus du côté soviétique qu’allemand – fut la bataille de Moscou lancée le 21 juin 1941. Sept mois d’une lutte d’une sauvagerie sans borne. Environ 7 millions d’hommes engagés, 2,5 millions tués, faits prisonniers ou disparus, 1 896 000 soldats soviétiques mis hors de combat, 615 000 allemands … La plus meurtrière bataille de tous les temps.

Journaliste américain d’origine polonaise, né en 1947, Andrew Nagorski fut pendant plus de 30 ans correspondant à l’étranger du magazine Newsweek. Il raconte cette épopée sanglante d’une manière fluide, rapportant des témoignages particulièrement émouvants de ces combats titanesques, autant entre adversaires que contre les effets de l’hiver russe, une situation mal anticipée par Hitler.

Au départ, il y a le Pacte germano-soviétique de non-agression réciproque conclu entre Hitler et Staline en 1939. Quand Staline apprend qu’Hitler va lancer son opération Barbarossa le jour de l’été 1941 (grâce à l’espion Sorge), il se refuse à le croire. Il ne peut admettre qu’Hitler l’a roulé. Rien n’est prêt pour défendre Moscou, le nœud stratégique de toutes les communications, le cœur industriel et de l’armement de l’URSS.

 

Zhukov-LIFE-1944-1945

 

Guderian

De la même façon, quelques semaines plus tôt, Hitler a refusé de suivre le conseil de ses généraux (en particulier Heinz Guderian) qu’il méprise mais qui lui recommandent d’attaquer plus tôt, de concentrer l’attaque sur Moscou afin de plier l’affaire avant l’hiver. D’autre part, il est retardé par l’initiative mal venue de Mussolini dans les Balkans, et il tient à s’emparer auparavant des richesses de l’Ukraine avant de submerger Moscou, pensant réussir à nouveau une rapide campagne comme en France.

Quand les troupes allemandes sont à près de 40 km des faubourgs, tout s’écroule, tout le monde fuit la capitale mais Staline ne cherche que la trahison parmi ses proches. Comme Hitler, les échecs sont uniquement imputables à ses lieutenants. Même Joukov …

Seuls ceux qui sont restés à Moscou sont mis à contribution pour mettre la ville en défense : creusement de réseaux de tranchées, barbelés, barricades. Staline décrète la loi martiale et charge le NKVD d’abattre tout suspect de pillage ou de désertion … A ce moment, l’appareil de répression soviétique livre une bataille perdue contre une population qu’il ne parvient plus à intimider.

Néanmoins, Staline décide de rester à Moscou alors qu’on a évacué l’essentiel du gouvernement à Kouïbychev et organise une grande parade le 7 novembre sur la place rouge. Cette action de propagande redonne du courage aux combattants. Et puis l’hiver s’abat sur le champ de bataille, et Hitler n’a pas prévu d’équiper ses troupes en conséquence. Des trains entiers d’équipements sont bloqués en gare car l’écartement des voies russes est plus large qu’en Europe continentale. Les bottes et les manteaux n’arriveront jamais …

La grande bascule intervient lorsque des troupes fraîches rapatriées de Sibérie viennent soulager les défenseurs de la capitale, les Japonais n’ayant pas l’intention d’attaquer l’URSS. Les Alliés sont mis à contribution pour fournir toute l’aide nécessaire à la guerre contre les nazis (mais Staline ne le reconnaitra jamais), même s’ils n’ont pas encore les moyens d’ouvrir un second front en Europe, comme le réclame Staline. Il faudra attendre et tenir jusqu’en juin 1944 …

 

Andrew Nagorski

C’est un récit à la gloire d’un peuple résistant jusqu’à la mort, malgré la faiblesse de ses moyens. Il se lit dans un souffle, bien évidemment avec un certain parti pris et à la manière d’un journaliste plus qu’historien, et avec en toile de fond les événements actuellement en cours en Ukraine. Déjà, l’approche totalement erronée de la vérité et de la réalité, commune aux dictateurs … et surtout le total mépris de la vie humaine. Terrifiant.

La bataille de Moscou, par Andrew Nagorski, traduit de l’américain par Jean Bourdier, aux éditions de Fallois (2008) pour le grand format et réédité chez Tempus (Perrin) 448 p., 10,50€

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