10 janvier 2023
Un après-midi avec Bernard Madoff
J’ai passé l'après-midi avec Bernard Madoff, le Monstre de la finance (1938 – 2021), une mini-série en quatre épisodes créée par Joe Berlinguer pour NETFLIX.
On appelle cela un docu-fiction : tandis que les témoins et protagonistes de l’affaire financière qui a secoué le monde en 2008 racontent – y compris, depuis sa prison, le sinistre personnage principal – des acteurs leur ressemblant vaguement évoluent dans des décors sombres et flous. Mais la description de l’arnaque et des développements de sa mise au jour sont particulièrement bien expliqués.
Une gigantesque escroquerie qui a berné le monde financier pendant 30 ans et ruiné une masse d’épargnants crédules – comment croire en une proposition de rendement régulier sur fonds investis deux fois plus élevé que tous les autres placements ?
La méthode est celle de la pyramide de Ponzi (1882 – 1949) dont principe est simple, et il se reproduit hélas régulièrement.
Un financier attire l’épargne publique (promesses, bouche à oreille, publicité) pour des investissements juteux et sans risques. Ensuite, il fait face aux demandes de rachats de ses clients et au service des intérêts promis grâce aux souscriptions nouvelles sans même avoir investi le premier sou. Tant que l’épargnant retire ses billes avant l’écroulement, il est gagnant. S’il survient un « coup de tabac » en bourse et que tous les clients veulent retirer leurs fonds en même temps, la pyramide s’écroule. C’est un système de cavalerie, un emprunt couvrant un autre emprunt arrivé à échéance.
Dans le cas Madoff, l’extraordinaire réside dans l’ampleur (64 milliards de dollars) et la durée de l’arnaque, le caractère familial de l’entreprise avec un côté parfaitement licite et un volet totalement secret, et surtout la cécité coupable des autorités de régulation (la SEC), plusieurs années durant alertées par un mathématicien et par la Presse.
La question finale de la série est : pourrait-il y avoir à nouveau une telle escroquerie dans le monde ? La réponse est oui.
Et il ne faut pas remonter si loin dans le temps en France même. Je me souviens parfaitement du scandale de « La Garantie foncière » survenu en 1971. Cette société civile de placement immobilier (SCPI) créée en 1967 proposait aux investisseurs d’acheter des parts d’immeubles cossus donnés en location et de leur verser leur quote-part de loyers, à grand renfort de publicité dans les journaux « bourgeois ». Avec la participation d’un député gaulliste, aristocrate de surcroît. Mais celui qui a tout manigancé en était Robert Frenkel.
En 1971, la société compte 14000 souscripteurs et annonce un rendement de 10,25%, largement plus élevé (et surtout fixe, impossible en immobilier) que tous ses concurrents. Mais voilà, en France on a des réglementations et un organisme de contrôle : la Commission des Opérations de Bourse (COB). Elle décèle un système de Ponzi …
Le scandale vire à l’affaire politique, la Gauche dénonce l’affairisme de la Droite, « la République des copains et des coquins », l’Etat UDR. Le procès envoie les coupables en prison, le scandale sera vite oublié.
Conclusion : se méfier des promesses mirifiques de rendement financier. Les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel !
A voir sur NETFLIX : Madoff, le Monstre de la finance (1938 – 2021), mini-série en quatre épisodes créée par Joe Berlinguer.
Je me souviens moi aussi parfaitement, non seulement du scandale, mais des publicités parues auparavant pour cette affaire alléchante.
Un aristocrate, Rives-Henrys ? J'ai dû chercher : non, il avait seulement été autorisé à relever le nom de sa grand-mère paternelle, mais ce n'est pas avec celui-là qu'il est passé à la postérité...