23 janvier 2023
Vive les séries à la française !
Confinée à la maison par ma santé chancelante et le froid persistant, je passe mes après-midis à lire et à regarder la télévision.
Devant ces rediffusions en série – c’est le cas de le dire – j’en suis venue à m’intéresser aux productions policières françaises que j‘avais naturellement dédaignées lors de leur première parution à l’écran …
J’y découvre aujourd’hui des trésors cachés … et une méthode.
Ces séries policières répondent à des normes rarement transgressées et ont des objectifs didactiques à peine masqués : promouvoir la diversité, mettre en valeur les femmes en tant que chefs : commissaire, magistrate, légiste, maire de grande ville, mettre en valeur les richesses naturelles et culturelles des provinces françaises, plonger dans un milieu professionnel mal connu.
En cela, ces téléfilms continuent une tradition introduite dans la télévision des origines, avec une évidente référence à la première des séries policières qui jadis me passionnait : « Les 5 dernières minutes » de Claude Loursais, et ses 149 épisodes diffusés entre janvier 1958 et novembre 1973.
Certes, on ne parlait pas encore de femmes cheffes de service ou de bande (avant Julie Lescaut, Mafiosa ou Candice Renoir), et encore moins de montrer des acteurs issus de la diversité … mais aujourd’hui, c’est tout à fait normal (Chérif, Caïn et salutaire.
En réalité, le schéma narratif est toujours le même : un meurtre (question d'ouverture "Qu'est-ce qu'on a ?), et le plus souvent plusieurs à la suite, une multitude de suspects, chacun avec un mobile pertinent, un secret de famille bien enfoui, une bisbille entre l’inspecteur et sa hiérarchie … et le coupable s’avère la personne la moins susceptible d’avoir perpétré le forfait.
C’est souvent au casting que l’on peut aussi repérer le coupable : les acteurs qui jouent dans cette catégorie de téléfilms sont issus du même vivier. On les retrouve une fois commissaire dans l’une, une fois comme coupable dans l’autre.
Mais il y a aussi des abonnés à certains rôles comme Guillaume Cramoisan (Profilage, Crime à …, Les Invisibles) dans celui d’inspecteur beau gosse torturé. Lorsqu’un comédien de plus forte renommée intervient comme « invité », on peut attendre qu’il joue un rôle prépondérant dans l’intrigue. Les méchants ont aussi très souvent et d’emblée une « sale gueule ».
Côté surprise, le comédien Stéphane Blancafort incarne un capitaine de gendarmerie dans Tandem et un patron de restaurant dans Crime à Biot ... Raphaël Ferret joue aussi dans cet épisode comme un neveu de collectionneur d'art alors qu'on l'a connu dans Profilage comme jeune inspecteur spécialiste en informatique ... Naturellement, ces comédiens ne deviendront pas autant de George Clooney ... mais il font du bon travail.
Le décor est aussi important que l’intrigue. La télévision publique a pour mission de mettre en valeur les territoires à travers son portefeuille de séries policières (Crime à …, Tandem, Tropiques criminels).
On note aussi la mise en valeur très prégnante de la Gendarmerie (Section de recherches, Crime à …, Tandem) dans des situations parfaitement invraisemblables mais qui sont sans doute destinées à susciter des vocations.
Bref, sur un canevas parfaitement huilé, nos séries policières « grand public » répondent à des impératifs constants. Ce sont elles que l’on rediffuse le matin et l’après-midi, en concurrence avec les milliers d’épisodes produits par les Américains.
J’oubliais un détail qui nuit parfois à la crédibilité mais rencontre l’adhésion du public : l’humour (Capitaine Marleau, César Wagner, Les petits meurtres d’Agatha Christie, HPI).
A côté, on appréciera davantage les scenarios concoctés par les plumes prestigieuses de la littérature policière, créditées furtivement au générique : Olivier Marchal, Olivier Norek, Mathieu Kassovitz.
Bref, je découvre et apprécie mieux aujourd’hui les séries policières françaises, d’autant plus qu’elles agitent mes petites cellules grises, me font découvrir des paysages français magnifiques, et font travailler une foule d’acteurs que l’on voit rarement au cinéma.
En arrêt actuellement je me suis aussi lancée dans un marathon de ces séries pas très innovantes c'est sûr mais tellement distrayantes et on a quand même de la chance d'avoir un panel de séries larges !!! Les séries françaises ont encore de beaux jours devant elles...