Il était moins une !
Qu’il est
agréable de retrouver sa maison après six jours de « mise entre
parenthèses »… Je reboucle ce soir avec le fil de mes billets. Hors donc,
depuis quelques jours, je me sentais fatiguée – mais loin d’être épuisée – et
l’atmosphère était légèrement tendue du fait du prochain départ à Tokyo de
Florence. Deux à trois matins plus tôt, j’avais dû m’asseoir, terriblement
essoufflée, mais j’attribuais cela à mon sempiternel asthme. Jeudi vers 13h 30,
une douleur thoracique m’a terrassée. Le souffle coupé, j’avais l’impression
d’avoir dix briques posées sur le sternum, avec une brûlure irradiant à
l’intérieur des deux poignets, à droite comme à gauche. Quand cette douleur a
atteint la mâchoire, j’ai compris que c’était grave. Claude a appelé les
urgences cardiaques. Trois quarts d’heure plus tard, un cardiologue était là.
Il me fait un électrocardiogramme, me pulvérise sous la langue une dose de
trinitrine qui desserre un peu l’étau de ma poitrine et me dit :
« Madame, je ne vais pas vous raconter d’histoire, il faut vous
hospitaliser d’urgence ». Moins d’un quart d’heure après, le SAMU Necker
débarquait, m’empaquetait dans du papier d’alu, me descendait dans un fauteuil
à roulettes puis me transportait à l’hôpital Cochin, directement en salle de
coronarographie.
Une équipe
directement opérationnelle m’attendait, sous la conduite du Professeur
Christian Spaulding, et a alors entrepris de glisser dans mes artères – tout
d’abord celle du bras droit, mais celle-ci a littéralement explosé - puis à
travers l’artère fémorale, un guide destiné à positionner un ballonnet pour
déboucher l’artère coronaire bouchée, puis à poser de petits serpentins en
carbone pour maintenir l’artère bien béante. J’ai suivi toute cette opération
en direct, grâce à une batterie d’écrans…sauf qu’à un moment j’ai cru que tout
aller s’arrêter là, saisie d’un malaise vagal. Une piqûre d’adrénaline, et hop,
c’était reparti !
En tout,
deux heures d’intervention avant la remontée en unité de soins intensifs de
cardiologie. Puis six jours de récupération, avec un énorme hématome au bras
droit, une prise de tension toutes les 5 minutes, des prises de sang
quotidiennes. A travers lesquelles on a dépisté une anémie très marquée, due à
un début d’ulcère à l’estomac ayant provoqué vraisemblablement des petits
saignements…d’où ma fatigue. J’ai donc subi une transfusion de globules rouges,
et en plus, hier matin, une fibroscopie gastrique…et de ça, je préfère ne pas
parler tant c’est pénible.
Ce soir,
je retrouve progressivement mes marques. Le Professeur Simon Weber, patron de
la cardiologie, m’a tout de même rassurée. Le cœur en a pris un sale coup, mais
je peux encore récupérer une partie de ma capacité d’expulsion ventriculaire
perdue, je n’ai pas besoin de changer de régime alimentaire, je vais retrouver
une vie normale. Et en prime, je saurai reconnaître la terrible douleur. Tous
ça est très positif, en somme.