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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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18 février 2008

Affaire terminée, j'arrive ! - Chapitre 10 (2)

Chapitre 10 (2) Pierrette et Zizou (suite)

- Vous pourriez tout de même faire un petit effort, conseillai-je à Guy Dejoie !

Voilà comment j'ai connu Zizou – de son vrai nom Dorothée Martin -  qui a été pour moi merveilleuse. Avec Pierrette, les relations s'étaient en effet espacées. Son mari s'était évadé de France dans les débuts de la guerre. A partir du moment où Roger était rentré, je n'ai plus vu Pierrette, et lorsqu'elle a constaté que Zizou m'avait pour ainsi dire prise sous sa protection, elle a jugé sans doute que je n'avais plus besoin d'elle. Elle, en tous cas, n'avait plus besoin de moi. Et puis, elle avait son mari, je n’étais pas femme à m’imposer. J’étais seule, perturbée, je n’avais pas beaucoup d’argent mais ma fille à élever. Zizou connaissait tout le monde du fait que Guy était inspecteur à la police des mœurs et de ses relations avec Zagouri.

Casablanca_avenue_de_la_gare Le boucher, qui s'appelait Charlemagne, tenait un stand au marché. Nous devions être au bureau à huit heures et demie. Nous partions de la maison en vélo toutes les deux à neuf heures et quart, en passant par le marché. Chez Charlemagne, Zizou demandait:

- Tu sais, il faut que tu nous donnes de la viande, parce que le mari de mon amie est prisonnier, il faut absolument que tu nous donnes un kilo de beefsteak.

- Qu'est-ce que tu as à manger aujourd'hui pour Claudie ? Je t'envoie un blanc de poulet. Elle me faisait porter un demi-poulet.

- Si, si, si, il faut quelle mange, cette petite !

 

Ainsi, j'avais toujours mon morceau. En le payant, bien entendu, mais j'étais le prétexte, et mon mari prisonnier servait de sésame. Elle connaissait tous les petits colporteurs, les artisans juifs, on rencontrait une foule de gens :

- Madame Dejoie, tu sais, on a arrêté Perle, ma sœur, qui racolait. Tu ne pourrais pas en parler à Monsieur Dejoie, pour la faire sortir?

- Dis donc, tu n'as pas des gigots, par hasard ? Porte-m'en un et puis j'en parlerai à mon mari. N'est-ce pas Lulu, on n'oubliera pas d'en parler ?

- Oh, pas du tout !

Zizou m'avait donc prise sous son aile. Elle me demandait :

- Qu'est-ce que tu as à manger aujourd'hui pour Claudie ? Je t'envoie un blanc de poulet. Elle me faisait porter un demi-poulet.

- Si, si, si, il faut quelle mange, cette petite !

J'avais reçu début décembre la lettre de Jean me disant qu'il avait été repris à quelques mètres de la frontière, mais "qu'il ferait comme le coureur" (c'est à dire mieux la prochaine fois). Ce soir-là, Guy Dejoie sonne à ma porte:

- Lulu, je vous emmène. Je prends la petite sur mon porte-bagages, vous prenez le vélo et vous venez passer la Noël chez Pâquerette, la sœur de Zizou. Zizou m'a interdit de revenir si je ne vous ai pas toutes les deux avec moi. J'ai ainsi passé une soirée que je n'oublierai jamais.

A partir du moment où je travaillais avec Zizou, je faisais mon travail, et je faisais aussi le sien, sans aucun problème. Elle enregistrait le courrier. Elle devait attribuer un numéro d'ordre à chaque lettre arrivée, et indiquer à qui celle-ci était ventilée - par exemple si c'était au pénal, ou au civil, bref, rien que de très normal. Du numéro 1199, on tournait la page, on passait au numéro 2000 ! Pour retrouver un courrier dans ces conditions ... Les lettres qui étaient destinées au pénal allaient au civil. ... Elle devait faire aussi les bordereaux d'envoi des pièces qu'on adressait à une autre juridiction par exemple. Lorsqu'on nous demandait de retrouver une lettre, on cherchait ...

- Tiens, mince, disait Zizou, j'ai sauté une page Quelle pagaille!

Zizou, elle, ne pensait sérieusement qu’au ravitaillement. Et puis à ses histoires avec Michel ou avec Zagouri, parce que de temps en temps, celui-ci lui coupait les vivres. Régulièrement, elle prétendait qu’elle ne pouvait plus le supporter, et puis quinze jours après, elle se demandait comment faire pour le raccrocher.

Elle allait le voir et lui racontait qu’on lui avait volé son vélo…Combien de fois ne lui a-t-il pas payé un « nouveau » vélo ?

- Je vous le paye encore une fois, mais faites donc attention !

L'argent, elle le dépensait, ou elle le donnait, à Michel par exemple. Guy ne s'est jamais douté de rien. Michel était son grand copain. Quand il a monté sa guinguette, Guy a avalisé les traites. Et comme Michel était plus cavaleur que travailleur, c'est Guy et Zizou qui ont payé les traites ... Mais en revanche, quand les américains sont venus, la guinguette lui a fait gagner un argent fou, mais Michel avait laissé tomber Zizou, qui entre temps avait connu Doudou. Le temps passant, Guy avait décidé qu'il en avait assez d'être inspecteur des mœurs, et a voulu partir à la guerre. Il s'est engagé. A partir de ce moment là, on allait toujours chez Charlemagne, mais on disait:

- Ah ! Tu sais, Guy est parti. Il aurait pu rester ici, non, il a fallu qu'il aille faire la guerre, et moi je me retrouve seule, avec Madame Mens dont le mari est prisonnier, il faut que tu nous donnes de la viande .... etc.march__casa.

Nous la payions, naturellement. Et cela marchait toujours. C'est qu'il nous en fallait beaucoup car chez Zizou, on tenait table ouverte. Il y avait sa sœur Pâquerette et son mari, et puis déjà le Colonel Lesimple qui alors n’était que son amant. C’était la grande famille, avec moi au milieu.

(à suivre)

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