29 septembre 2008
Robert SCHUMAN, par François Roth
Il publie aujourd’hui, dans la grande collection Fayard,
une vie de Robert Schuman (656 p., 28€), qui est utile pour qui s’intéresse à
la construction européenne. Il confirme ainsi l’idée bien connue selon laquelle
Schuman, cet homme des frontières, formé dans la Lorraine allemande avant 1918,
puis devenu un homme politique français, était l’homme du destin pour la
réconciliation franco-allemande.
Mais il nous en dit plus : Robert Schuman n’était pas
un politicien d’inspiration sociale-chrétienne, comme beaucoup, mais un
catholique en politique, totalement inspiré par le message de l’Evangile, et
par sa fidélité à l’Eglise. Toute son action, depuis ses plus modestes apports de
juriste au travail parlementaire, ou son action désespérée pour les réfugiés en
1940, jusqu’à la Déclaration inspirée du 9 mai 1950 qui a fondé l’Europe,
trouve ses racines dans sa foi.
Comme Adenauer et De Gasperi, il était bien un soldat de
« l’Europe vaticane », et il est heureux que ces soldats aient été
rejoints dans la construction européenne par des laïcs, notamment par des
socialistes –tels Helmut Schmidt ou Guy Mollet, si injustement décrié
aujourd’hui-, par des laïcs, tel Maurice Faure –voir le récent papier sur les
Mémoires de Jean François Poncet-, ou par des libéraux comme Edward Heath ou Valéry
Giscard d’Estaing.
On verra aussi le rôle positif joué par les Américains,
notamment par le Secrétaire d’Etat Dean Acheson, pour que les Européens
accouchent enfin d’un vrai projet de réconciliation. Et bien sûr la créativité
géniale que Jean Monnet savait mettre presque humblement au service des
politiques.
Au chapitre de la myopie, on lira les cris d’effroi des
sidérurgistes français face au projet d’union douanière : avec de tels
« industriels », ce n’est pas un hasard s’il n’y a plus de
sidérurgie, ni de chimie, françaises…On s’amusera aussi des mesquines colères
de Michel Debré.
Bref, sur un sujet austère, un livre passionnant.
Claude