"Burn after reading", dernière comédie des frères Coen
Ne vous fiez pas aux critiques acerbes qui éreintent ce film. Tout le monde rit de bon coeur, et c'est une oeuvre qu'il faut voir plusieurs fois avant - premièrement - d'en comprendre le scénario diabolique - deuxièmement - d'apprécier pleinement le jeu d'enfer des acteurs, et en particulier Brad Pitt et John Malkovitch.
Frances MacDormand est juste, elle aussi, mais son personnage est moins idéalisé que dans "Fargo", et George Clooney continue à surjouer - mais c'est voulu - dans la même ligne que dans "O'Brother" : stupide, grossier, beauf en diable mais sans tasse de café à la main. Je n'oublie pas Tilda Swinton, en épouse machiavélique désirant divorcer avec porfit d'un époux encombrant (industrie classique aux USA).
L'histoire est celle d'un chantage à la restitution de données "classifiées" - en réalité le script des mémoires vachardes d'un ex-agent de la CIA viré pour alcoolisme - tombées par hasard d'un sac de gym, d'où il s'ensuit une ronde de quiproquos, de rencontres à contre-sens qui s'avèreront fatales, chacun des personnages étant mu par son propre objectif et se détruisant mutuellement. Une construction très classique de comédie pour laquelle Claude n'hésite pas à citer Molière !
Ce qui l'a fait particulièrement se tordre, c'est la satire des milieux : fonctionnaires de Washington, médecins cupides ou franchement cruels, avocats manipulateurs. Le niveau intellectuel des professionnels des salles de musculation n'est pas épargné non plus....Moi, j'ai apprécié le décalage entre côté "branguignols" des protagonistes et les décors somptueusement sérieux dans lesquels ils évoluent (Ah, la maison de Georgetown....).
Mais ce qui nous enchante, nous les français, c'est que le modèle du genre reste "Le grand Blond avec une chaussure noire"....cette référence est manifeste, comme d'autres puisque c'est la mode aujourd'hui (James Bond, naturellement, plus quelques autocitations des frères Coen comme "Intolérable cruauté").
Difficile de surpasser "Fargo" ou "No country for old men", mais croyez-moi, la salle éclatait de rire et nous avons passé une excellente soirée