Dans la brume électrique, film de Bertrand Tavernier
Tavernier est l'un de nos plus grands cinéastes actuel, fasciné par le cinéma américain. Etait-ce un rêve pour lui de tourner aux Etats-Unis ? Le résultat fera date en tous cas.
Voici doute un de ses meilleurs films et nous l'avons beaucoup aimé, Claude et moi.
Tiré du livre de James Lee Burke "Dans la brume électrique avec les morts confédérés" publié en 1993, nous y plongeons - au sens littéral du terme - dans les effluves malsains du bayou de la Louisiane. C'est aussi l'ambiance de "No country for old men" des frères Cohen, la moiteur en plus.
La chaleur, la poisse, les moustiques, les bruits inquiétants, les prises de feu des gaz effleurant le marigot...Tout est propice à la peur. Un tueur psychopate rôde, il s'attaque à des filles jeunes, blanches...L'inspecteur Dave Robicheaux s'attache à résoudre ce cas, plus un autre, celui d'un jeune noir abattu dans les années 60, et qui éveille en lui des souvenirs de jeunesse : il a vu deux hommes perpétrer ce crime, de loin, de l'autre côté du marais...
Pourquoi pense-t-il que ces crimes sont liés ?....Un sentiment de responsabilité, peut-être, chez cet ancien du Viet-Nam au visage creusé de profonds sillons ( exceptionnel Tommy Lee Jones), bosselé, bourrelé de culpabilité ?
C'est une Amérique arriérée, où on sent bien que rien n'est fait pour réparer les destructions du cyclône, où chacun se sent écrasé, même cette vedette hollywoodienne qui vient se noyer dans l'alcool dans ce pays désolé.
Ajoutons des hallucinations, un camarade de lycée devenu patron mafieux et qui revient au pays meurtri par Katrina produire un film, histoire de se faire bien voir, des cadavres en série....Tout pour un thriller spécifique, ni typiquement américain, jamais vu en France. Une atmosphère, des paysages, une musique prégnants.
Des interprétations superbes aussi pour John Goodman, Peter Saasgard et Kelly Macdonald. De quoi aussi plonger dans les romans de Burke et de remonter au fil de son oeuvre pour retrouver Robicheaux....