Camondo, pour moi, c'est la splendide collection de meubles et d'objets d'art du XVIIIème siècle exposée au Musée Nissim de Camondo, c'était aussi une excellente biographie de Pierre Assouline "Le dernier des Camondo" (Gallimard).

Au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, nous découvrons l'extraordinaire destin de cette famille sépharade, anoblie par le Roi d'Italie et l'Empereur d'Autriche, qui fait rapidement le lien entre l'Orient et Paris puisque le sous-titre de la manifestation est  aussi "De Constantinople à Paris, 1806-1945".

Car l'amateur d'art parisien doit un fameux tribut à cette riche famille de banquiers mécènes : Isaac de Camondo a légué ses collections à l'Etat français et de considérables sommes d'argent afin qu'elles puissent être présentées au plus grand nombre : le Musée Guimet, le Musée d'Orsay, le Musée Carnavalet, le Musée du Louvre abritent les oeuvres de ce collectionneur aussi avisé que généreux. Sans oublier le soutien à la création du Théâtre des Champs-Elysées, une autre oeuvre d'art....car Isaac était aussi musicien à ses heures.

Mais, pour les amoureux de la Turquie, revenons au rôle des Camondo dans la Capitale de la Sublime Porte. Il y a tout d'abord Abraham-Salomon, le patriarche, banquier des vizirs, puis Isaac et Moïse, les investissements à Péra et Beyoglü, les tramways de Constantinople, Abraham-Behor, chef de file des intellectuels juifs progressistes, l'installation à Paris en 1868, la participation au financement du canal de Suez, la haute société parisienne, la chasse.....et puis la Grande Guerre.

Nissim, le jeune fils, est tué en 1917 à bord de son avion de reconnaissance....et puis viendra enfin la seconde guerre mondiale.

Tout ce qui reste de la famille, malgré l'oeuvre accomplie en faveur de la France, est déportée à Drancy puis Auschwitz.

Pour cette famille dont le goût parfait représente la quintessence de ce que l'art de vivre peut donner de meilleur, l'anéantissement. Il reste leur nom, vénéré des amateurs de peinture impressionniste, des arts asiatiques et des arts décoratifs au XVIIIème siècle des Lumières, l'expression de la beauté et de la civilisation confrontée à la barbarie.

Les oeuvres acquises par Isaac de Camondo figurent parmi les plus marquantes de leur siècle : Le citron d'Edouard Manet, Vétheuil soleil couchant de Claude Monet, les Repasseuses d'Edgar Degas, la pendule des trois Grâces de Falconnet, le Porteur de lanterne d'Hokusai.

Les voir à l'occasion de cette rétrospective, un peu dans l'ambiance pour laquelle elles ont été achetées, vaut la visite. Et le musée est ouvert le mardi !

MAHJ - à l'Hôtel de Saint Aignan jusqu'au 7 mars 2010, 71 rue du Temple Paris 3°, du lundi au vendredi de 11h à 18h. Exposition organisée dans la cadre de l'année de la Turquie à Paris.