Visiter Chantilly, c'est se replonger dans des siècles d'histoire de France, et de littérature aussi. Trois figures célèbres viennent nous parler à l'oreille.

Anne de Montmorency (1493-1567) est l'ancêtre commun de Turenne et du Grand Condé - sa statue équestre nous accueille juste devant l'entrée d'Honneur du château.  C'est pour lui que Pierre Ier Chambiges a reconstruit le château féodal de Chantilly, entre 1528 et 1531.

En tant que cadet de famille noble, Anne (eh oui, c'est aussi un prénom masculin !) est destiné à une carrière militaire de second rang : il participe à sa première guerre à 17 ans, en Italie. Mais Anne a eu la chance d’être élevé à Amboise : sa carrière sera ainsi largement favorisée par son ami d’enfance François d’Angoulême, qui devient Roi de France sous le nom de François Ier en 1515. Anne se lie également d’amitié avec Henri II, fils de François Ier. Anne obtient les plus hautes charges militaires : en 1538, il est nommé Connétable, c’est-à-dire chef des armées. Il entre également au Conseil du Roi et devient un ministre influent, chargé des affaires étrangères. Il est enfin élevé au rang de Duc et Pair, le plus haut rang de la noblesse.

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé, premier prince du sang (1621 - 1686), général français pendant la Guerre de Trente Ans, héros de Rocroy, Nörlingen et Lens, a également hanté Chantilly. Meneur de la Fronde des Princes, au caractère violent, il finit par renouer avec le roi Louis XIV son cousin dont il obtient le pardon en 1659 après la paix des Pyrénées.

Plus près de nous, c'est Henri d'Orléans, duc d'Aumale (1822-1897) qui en fut le dernier habitant et fit reconstruire le grand château démantelé sous la Révolution. Cinquième fils du dernier roi des Français Louis-Philippe, et d'Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, il fait ses études au collège Henri IV avant d'entrer dans l'armée à seize ans. On le connait surtout par la prise de la smala d'Abd-el-Kader, à 22 ans. En 1830, à la mort du dernier prince de Condé son parrain, qui l'a institué son légataire universel, il hérite à 8 ans de l'énorme patrimoine de cette lignée, estimée à 66 millions de francs-or produisant 2 millions de revenus annuels comprenant ce qui était considéré comme le plus important patrimoine foncier du pays, dont le domaine de Chantilly. Il demande à l'architecte Daumet de reconstruire un palais-musée destiné à  abriter ses collections. Se sentant particulièrement bien à l'Académie, il lègue à l'Institut de France l'ensemble de son domaine après la mort de tous ses enfants.

Le domaine de Chantilly se compose donc d'un château composite, avec à l'origine le petit château de plaisance construit au XVIème siècle à la place de la forteresse moyenâgeuse, flanqué depuis le XIXème siècle des galeries destinées à présenter, dans le style ineffable des érudits du temps (éclairage zénithal, peintures présentées en partie haute, sans ordre ni classification particuliers, les collections glanées par le prince notamment au cours de ses exils. De merveilleux chefs d'oeuvre voisinent ainsi, à touche-touche, avec des peintures d'un moindre intérêt.

Autre déconvenue aussi, en dehors du prix élevé de l'entrée : on vous propose un billet "pass", mais il n'inclut pas tout : il faut payer un supplément pour voir les appartements privés du duc d'Aumale - ce qui justifie le supplément - mais selon l'horaire, vous ne pourrez pas visiter les grandes écuries s'il y a un spectacle - à moins de repayer encore.....Cela devient abusif !

Cependant, c'est un lieu privilégié, aux échappées magnifiques et aux jardins paisibles et illimités, où l'on peut venir avec des enfants se perdre dans le labyrinthe...en rêvant aux fastes de la cour du Grand Condé tout en révisant son histoire de France.

En prime, quelques photos sur le diaporama....