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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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26 janvier 2017

L'illusion d'un espoir romain, roman de Mokhtar Sakhri

 

illusion

Comme pour le premier épisode de l’histoire mouvementée du héros Rezoug Bendriss (La mort en récompense), une fin tragique est évoquée dès le titre. Pourtant, c’est l’itinéraire d’une résilience exemplaire et d’un bonheur retrouvé que raconte ce deuxième volet.

Nous avions laissé Rezoug anéanti à la nouvelle de la mort tragique de sa fiancée Menouba et de ses parents, avec l’écroulement de ses rêves de promotion sociale après son embauche à la Sonatrach. Mais, en cette année de 1993, la folie meurtrière des assassins islamistes étreint Alger. Enseignants, journalistes, leaders d’opinions, médecins, policiers sont cruellement abattus, égorgés par des commandos de fanatiques au nom de l’Islam. Tous ceux qui vivent à l’occidentale sont considérés comme des ennemis à abattre. Pour Rezoug, une ligne de conduite s’impose : trouver le moyen de venger la mort de la jeune fille qu’il aimait depuis le lycée. Il s’engage dans une organisation contreterroriste pour retrouver l’émir autoproclamé responsable de l’enlèvement de Menouba et de l’exécution de ses parents.

L’action des cellules résistantes n’est cependant pas plus humaniste que celle des assassins … Rezoug est vite repéré par les islamistes et sa vie rapidement menacée. Il doit quitter l’Algérie. Avec l’aide de membres de la police, il débarque à Rome sans emploi, sans parler la langue, mais bénéficie de la solidarité de nombreux algériens installés en Italie pour y faire du trabendo, des trafics en tous genres, ou agir dans la délinquance. Rezoug se refuse à de tels expédients. Il doit simplement survivre, sous une fausse identité qui lui pèse, le temps de se faire oublier des extrémistes qui ont mis sa tête à prix. Plein de sentiments contradictoires, plongé dans la tristesse d’avoir privé de vie deux extrémistes, il éprouve la solitude de l’exilé mais se lance avec courage et détermination dans l’étude de l’italien, et bénéficie d’un emploi de plongeur dans un restaurant de la Ville éternelle, qui devient pour lui un havre de paix et dans laquelle il va rencontrer à nouveau l´amour absolu.

Mais le sort s’acharne. La vie de Rezoug va à nouveau basculer … Il est des destins marqués par le mauvais sort. Pendant tout le roman, on se demande ce que signifie le titre funeste … jusqu’à la scène finale.

L’histoire racontée par Mokthar Sakhri se déroule parmi une foule de personnages attachants, dans une langue foisonnante s’enroulant comme les pampres d’un cep de vigne autour d’une trame parfois difficile à suivre, où les subordonnées s’enchaînent pour former des phrases interminables. Comme la lecture d’un roman du XIXème siècle, avec des retours en arrière, des descriptions évocatrices de décors, de mobiliers, de sagas familiales, le lecteur s’immerge dans un temps pas si lointain mais terriblement dépassé. En revanche, le processus de manipulation mentale opéré par les islamistes, leurs façons de procéder et les ravages qu’ils provoquent sont tout à fait actuels.

La fin est déconcertante, tellement inattendue. Mais le suspens reste entier !

L’illusion d’un espoir romain, roman de Mokhtar Sakhri, édité par L’Harmattan, collection « lettres du monde arabe », 382 p. 38€

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