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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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4 septembre 2018

Le Congrès de Vienne, essai de Thierry Lentz

 

congrès de Vienne

Il est des livres d’histoire qui ouvrent des horizons de compréhension sur le monde d’aujourd’hui.

Pas du tout familière de la geste napoléonienne, j’ai dévoré celui-ci et y ai trouvé une tas d’éclaircissements sur les relations intra-européennes, la mécanique des grandes rencontres internationales, l’évolution de notre Europe devenue si complexe à gérer aujourd’hui …

Au moment de la chute de Napoléon après la calamiteuse retraite de Russie, il faut se rendre compte que la France est vue comme une puissance dangereuse qu’il convient de contenir en évitant toute velléité de nouvelle conquête. Les grandes puissances victorieuses de l’ex-empereur souhaitent retrouver un équilibre européen sous l’égide des Quatre Grands. L’Autriche, l’Angleterre, la Russie et la Prusse vont mettre Napoléon hors la loi.

Talleyrand va oeuvrer subtilement pour faire entrer la France dans le concert des Grandes Puissances en tirant parti des fissures entre les deux couples Angleterre-Autriche et Prusse-Russie et il réussira à limiter au maximum la perte de certains territoires. Il y aura bien du mérite, surtout après l'extraordinaire rebondissement de l'évasion de Napoléon de l'ile d'Elbe et la folle équipée des Cent-jours entre mars et juin 1815.

Entre le 1er novembre 1814 - et même quelques semaines avant - et le 9 juin 1815, 300 délégations - soit toutes les puissances engagées dans la guerre qui vient de s’achever, de part et d’autre -  convergent à Vienne. Elles comptent entre 53 personnes (pour les Russes), 15 pour la France, 17 pour la Saxe-Weimar, Gènes étant simplement représentée par le marquis de Brignole-Sale (dont la fille fondera le Palais Galliéra …), ce qui représente environ 100 000 étrangers qui séjournent à Vienne entre l’été 1814 et le printemps 1815, avec toutefois un grand absent : l’empire Ottoman.

 

Talleyrand

Les souverains ont fait le déplacement aux côtés de leurs plénipotentiaires, leur rang protocolaire étant fixé selon leur âge : ils se griseront eux aussi de fêtes, de bals, de banquets et de jolies femmes. Car les négociations ne se déroulent pas seulement  en séances de commissions.

La préoccupation des Anglais est de contenir l’avancée des Russes vers le sud et de neutraliser la puissance française pour contrer la Russie. Deux sujets sont brûlants : la Pologne qui n’échappera pas à un nouveau partage et la Saxe – dont le roi a soutenu Napoléon et que lorgne la Prusse. On traitera aussi du problème que représente Joachim Murat sur le trône de Naples.

Le Congrès de Vienne, c’est une trentaine de diplomates qui décidèrent le redécoupage du continent et la définition du nouveau concert européen. Ainsi l’attribution à la Prusse, en compensation du sauvetage (partiel) du royaume de Saxe, de possessions de part et d’autre du Rhin barre la route à toute tentative d’incursion de la France en Allemagne. Ainsi, la Prusse commence à damer le pion à l’Autriche dans l’espace germanique. C’est aussi un règlement des affaires de la Suisse, ou encore la décision morale, sous la forte pression de l’Angleterre, d’abolir la traite négrière à bref délai, la fixation d’un ordre protocolaire des diplomates, des règles précises de circulation sur les fleuves européens.

 

Isabey

 

Ces résultats sont remarquables. Quoique largement inspiré par le principe réactionnaire de la légitimité des dynasties régnantes avant la tornade révolutionnaire et napoléonienne, l’Acte final du Congrès introduit l’idée de constitutions favorables à l’exercice des droits légitimes des citoyens. Cependant, les congressistes n’ont pas vu arriver le réveil des nationalités qui va bouleverser l’Europe quelques années plus tard et faire exploser l’empire Ottoman et l’Autriche. Ce concert européen tiendra jusqu’au 28 juin 1914 et l’attentat de Sarajevo.

Clair, concis, bien écrit, le livre de Thierry Lenz nous emporte dans le tourbillon des réunions des ambassadeurs et des souverains, de leurs affrontements et de leurs alliances. Il nous fait percevoir aussi à quoi servent aujourd’hui les réunions au sommet du G8, G20, etc… et les difficultés – finalement pas insurmontables – d’une gestion à 27 de l’Union Européenne. Il serait temps de convoquer à nouveau un congrès de ce genre pour refonder notre Europe !

N.B. Pour aller plus loin, lire le livre d'Emmanuel de Waresquiel et benoït Yivert sur l'histoire de la Restauration.

 

Le congrès de Vienne, une refondation de l’Europe, par Thierry Lentz (2013), publié chez Perrin, collection Tempus, 430 p., 11€

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