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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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26 mai 2020

Tu seras un homme, mon fils, roman par Pierre Assouline

 

bio Kipling

Pierre Assouline est un bon faiseur de biographies : Marcel Dassault, Gaston Gallimard, D.-H. Kahnweiler, Albert Londres, Simenon, Hergé, Camondo, Paul Durand-Ruel (entre autres) que j’ai lues avec intérêt.

Cette fois, il s’attaque à un géant de la littérature, premier écrivain de langue anglaise à recevoir le prix Nobel en 1907, à l’âge de 42 ans, Rudyard Kipling.

Mais il choisit la forme du roman pour nous raconter sa vie car l’homme était absolument opposé à quiconque en dehors de lui-même pût écrire sa biographie. Et ceux qui ont aimé "Au-revoir Là-Haut" de Pierre Lemaitre, se retrouveront en pays de connaissance, lisant ici une sorte de contre-épreuve ...

Le narrateur commence le récit à l’été 1914. C’est un jeune professeur de lettres classiques au lycée Jeanson de Sailly, dont les deux maîtres à penser sont Stéphane Mallarmé – qui fut son professeur d’anglais vénéré, et Rudyard Kipling, l’auteur prolifique du « Livre de la jungle » - entre autres – et surtout du poème mondialement connu « If … ». Louis Lambert va réussir à rencontrer son idole, entamer une amitié, et lui demander très respectueusement son autorisation de traduire sans le trahir son fameux poème.

Une façon de nous décrire les facettes du grand écrivain à la fois journaliste, romancier pour la jeunesse, poète, ses grandes qualités d’orateur, sa passion pour l’Empire britannique et les Rolls-Royces, sa francophilie, son opposition farouche à toute indépendance de l’Inde où il est né, sa haine des Irlandais, et surtout des Allemands – les Huns – et aussi son antisémitisme.

Et surtout les drames de sa vie. Kipling a épousé sans amour la sœur de son meilleur ami trop tôt décédé. Ils ont eu trois enfants, deux filles et un fils. Pendant un voyage aux Etats-Unis en 1899, une pneumonie emporte la petite Joséphine. Une blessure jamais refermée pour l’auteur.

Mais le drame absolu de cet homme mondialement célèbre, ce sont les faibles aptitudes de son fils John. Malingre, terriblement myope – comme son père – peu assidu aux études, il ne peut espérer une place dans une université cotée. Sa seule ambition est l’Armée, mais il est réformé. Son père va faire jouer ses plus hautes relations pour le faire incorporer dans un régiment irlandais. En 1915, le jeune homme est tué à Loos, on ne retrouvera jamais son corps.

Kipling ne cessera toute sa vie de se poser la question : « Qu’est-ce qu’on a mal fait ? »

Cette question, il n’est guère de parents qui ne se la soit posée, les plus souvent sur des points d’éducation, d’orientation, d’engagement. Le roman comporte aussi une analyse critique de toutes les injonctions à devenir un homme qui tissent le fameux poème « Si … » mondialement diffusé, et pourtant si mal interprété par André Maurois dans « Les silences du Colonel Bramble », roman  couronné par le prix Goncourt en 1918 .

Louis Lambert, qui rencontrera à plusieurs reprises son idole littéraire, se gardera bien de lui dire qu’il est juif … et obtiendra de lui in extremis l’autorisation d’une traduction du poème … Mais au moins, lui, aura réussi sa relation avec son propre fils, engagé en 1941 dans les Forces françaises libres.

 

Tu seras un homme, mon fils, roman de Pierre Assouline, de l’Académie Goncourt, publié chez Gallimard, 298 p., 20€

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