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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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9 septembre 2020

Le temps gagné, roman de Raphaël Enthoven

 

letempsgagné

Certains enfants subissent la malédiction de naître dans une famille déjantée et portent ce stigmate toute leur vie. Et ce n’est pas une question d’époque, de milieu ou de niveau social.

Cet ado-là, le narrateur, j’aurais pu le croiser rue Delambre ou boulevard Montparnasse et mieux, une de mes filles née la même année et fréquentant comme lui le lycée Henri IV, a dû le rencontrer …

Comme jadis sous la plume d’Hervé Bazin (Folcoche), plus récemment Yann Moix, Vanessa Springora (Le consentement) ou Edouard Louis (En finir avec Eddy Bellegueule) né dans une famille pauvre du Nord de la France mais qui a intégré lui aussi l’Ecole Nationale Supérieure, voici l’autobiographie cruelle et sans complaisance de Raphaël Enthoven, né dans une « tribu » d’intellectuels hautement diplômés, d’écrivains reconnus et d’éditeurs courtisés. Il nous raconte en une sorte de catharsis (libération, purgation, défoulement) sa triste enfance de gosse de divorcé nanti d’une mère dominée ou indifférente et d’un beau-père franchement hostile.

Seulement voilà : « quand on néglige un petit, ou quand abusant d’une légitime autorité, on en fait un souffre-douleur, il faut aussi l’empêcher de lire si on souhaite qu’il pense que tout est de sa faute. » 

 

Raphaël Enthoven

C’est sans doute difficile aussi d’élever un enfant surdoué qui n’est pas de son sang … Il n’empêche. Raphaël se lâche, débride la plaie, laisse s’écouler le pus : chacun en prend pour son grade, même son père adoré mais qui à la fin sera – c’est inévitable – « tué ». Un jeu de massacre auquel échappent sa grand-mère « Poupette » et surtout la première femme dont il soit tombé éperdument amoureux, et quelques uns de ses professeurs.

Bien des enfants de familles recomposées oscillant d’un foyer à un autre se retrouveront dans ce récit : l’auteur constate que « la plupart des parents qui s’entre-tuent le font par-dessus la tête des enfants, lesquels par cette précaution n’en reçoivent que des coups sous la ceinture et des balles perdues. »

Au-delà des révélations croustillantes sur le verso de l’image lisse d’intellectuels de notoriété publique – les prénoms, même changés, restent transparents – c’est la souffrance d’un jeune puis moins jeune homme hyper doué et hypersensible qui touche le lecteur, une incursion au cœur d’un bel enfant non dénué de malice, un peu remuant mais pas méchant pour deux sous … qui va devenir à son tour un cruel personnage.

Comment Raphaël vit-il aujourd’hui le fait d’être à son tour père de quatre fils nés de quatre femmes différentes ? Ou bien n’est-ce pas justement en pensant à eux qu’il a écrit ce témoignage ?

Autre question de l’auteur : « Que faire de ceux qui ne veulent rien voir ? Pourquoi sont-ils les premiers à nous bander les yeux ? »

 

Le temps gagné, roman de Raphaël Enthoven, publié aux éditions de l’Observatoire, 528 p., 21€

Commentaires
C
On peut sortir d'un milieu prolétaire et revendiquer d'avoir grandi chez les "prolos", ou se dire né dans une famille de " bourges" ou autre ...le vocabulaire traduit l'intention de celui qui l'emploie ( ironie , provocation, dénonciation etc) et rester en lien de coeur avec son milieu d'origine. C'est mon cas. N'ayons pas peur des mots.
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M
Je suis entièrement d’accord avec Martine.<br /> <br /> Par ailleurs, je ne pense pas que ceux qui sont directement issus d’un milieu ouvrier et ont grimpé l'échelle sociale et surtout intellectuelle utilisent le terme de « prolos ». Le changement de langage et de mode de pensée, qui modifie la communication au point de la rendre parfois impossible avec le milieu d’origine, ne vas pas de pair avec le mépris des origines.<br /> <br /> <br /> <br /> Les maltraitances diverses se pratiquent dans tous les milieux.<br /> <br /> <br /> <br /> Nul besoin de naître dans une famille déjantée ou recomposée pour être soi-même déjanté.
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M
Edouard Louis n a jamais parlé dans ses romans de **prolos** ni de prolétaires( moins péjoratif) mais de milieu ouvrier, de pauvreté pécuniaire ou intellectuelle. De même dans son dernier entretien suite à son rôle au théâtre<br /> <br /> <br /> <br /> ***Prolos*** ou *** bourgs*** la maltraitance physique, affective ou sexuelle est malheureusement dans tous les milieux. Mais certains la cachent mieux
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