15 septembre 2020
La forêt carnivore, 10ème aventure d'Alix senator, d'après Jacques Martin
10ème tome des aventures du sénateur Alix, revenu sur la terre de ses ancêtres, c’est-à-dire la Gaule. Nous sommes en l'an 11 avant Jésus-Christ, c’est-à-dire quarante ans après la prise de l’oppidum d’Alesia par les troupes de César.
Nous retrouvons le style de l’équipe Valérie Mangin – Thierry Démarez, marqué par une utilisation judicieuse du « sfumato » qui nimbe ces scènes d’un halo inquiétant : des arbres enneigés, des loups, des vétérans mutilés, de sanglants massacres. Et une histoire pas si invraisemblable que ça – car la scénariste est une authentique historienne.
Car en 52, César a fait trancher les mains des rescapés du siège avant de les renvoyer chez eux, un supplice plus terrible que la mort. Chassés en vaincus par leurs familles, ils se sont regroupés dans la forêt, ne rêvant, tant d’années après, que de vengeances. Surtout lorsqu’un gouverneur romain, cousin d’Alix, a pour projet de construire sur les ruines du site d’Alesia une ville nouvelle.
Cet épisode évoque les difficultés d’adaptation des gaulois conquis, comme de tous les vétérans après un lourd conflit, submergés de rancoeurs et progressivement romanisés, mais aussi l’ardeur de certains d’entre eux à intégrer la civilisation des vainqueurs et à faire carrière dans l’armée romaine. C’est le cas d'un personnage qui ne supporte plus qu’on lui rappelle son ascendance gauloise.
Ce qui est loin d’être le cas du sénateur Alix, le héros vieillissant de cette histoire, qui a encore bien de l’énergie et un bras solidement armé d’un glaive pour se défendre.
Alix Senator, La forêt carnivore, BD par Valérie Mangin (scénario), Thierry Démarrez (dessin), mise à la couleur de Jean-Jacques Chagnaud, d’après l’œuvre de Jacques Martin, sous la direction artistique de Denis Bajram (époux de Valérie Mangin). Chez Casterman, 48p., 13,95€