Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bigmammy en ligne
Bigmammy en ligne
Bigmammy en ligne

Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
Voir le profil de Bigmammy sur le portail Canalblog

Newsletter
Archives
Derniers commentaires
8 juin 2022

La plus secrète mémoire des hommes, roman de Mohamed Mbougar Sarr

 

mémoire des hommes

Je n’ai pas acheté ce livre parce qu’il avait remporté le Goncourt 2021 mais parce que ce jeune auteur (31 ans !) était sénégalais. Et je ne fus pas déçue du voyage …

J’en avais lu des critiques louangeuses, et surtout le fait que l’auteur s’était vaguement inspiré du destin brisé d’un écrivain malien, Yambo Ouologuem (1940 – 2017), lauréat du prix Renaudot, dont j’avais beaucoup aimé le roman « Le devoir de violence », dans les années 70.

Le sens secret de cette histoire complexe est sans doute l’ambigüité de la situation d’écrivain africain dans le champ littéraire français, le sentiment de ces littérateurs d’être incapables ou de n’avoir pas le droit de dire d’où ils viennent, de briller dans la langue d’un pays qui fut leur colonisateur.

Le narrateur est un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, hanté par l’œuvre unique publiée en 1938 d’un auteur dont on a totalement perdu la trace, après que l’on ait accusé de plagiat. Diégane va consacrer sa vie à retrouver la place de ce « Rimbaud nègre », T.C. Elimane, et de son unique chef-d’œuvre Le Labyrinthe de l’inhumain quasiment introuvable. Lui aussi en résidence à Paris pour poursuivre de brillantes études, il va rencontrer tour à tour ceux et surtout celles qui ont croisé, côtoyé, critiqué, soutenu et aimé Elimane qui, lui aussi a parcouru le monde à la recherche d’une autre chimère, sans jamais l’atteindre.

La trame romanesque de cette quête bien peu fructueuse se déroule à travers plusieurs continents, sur plusieurs générations, nous parle de la puissance colonisatrice, de son attraction sur les jeunes intellectuels africains, les ravages de la situation postcoloniale. C’est un roman labyrinthique, foisonnant, poétique, d’un style époustouflant d’érudition, de références littéraires, de sensibilité mais aussi d’amertume, de honte et de colère.

Un hymne à la puissance créatrice de la narration et à la transmission orale, au rôle éminent des femmes africaines : Maussane, la mère abandonnée, Marème Siga, la poétesse haïtienne, Aïda la photographe de presse …par elles, nous reconstituons le destin d’Elimane. Une littérature étincelante et chatoyante. Merci à Mohamed Mbougar Sarr, dont c’est déjà le quatrième ouvrage … on en espère bien d’autres de cette qualité !

 

La plus secrète mémoire des hommes, roman de Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021, édité chez Philippe Rey/ Jimsaan, 559 p., 22€

Commentaires
Pages
Visiteurs
Hier 691
Depuis la création 7 287 886