On parle beaucoup en ce moment de cet établissement scolaire souvent qualifié d’«élitiste»… Permettez-moi d’en donner un témoignage très personnel de maman puis de grand-mère d’élèves …

Fondée en 1874 par Frédéric Rieder et un groupe d’universitaires protestants alsaciens réfugiés à Paris après l’annexion de l’Alsace-Lorraine en 1871, l’Ecole alsacienne accueille aujourd’hui environ 1800 élèves, de la maternelle au lycée.

Dès sa fondation, elle se veut laïque – et mixte depuis 1908 – éloignée des méthodes héritées des jésuites – suppression des exercices en vers latins – et favorise l’innovation pédagogique, la créativité et la coopération.

De 1890 à 1821, son directeur Jean-Théodore Beck (1839-1936), pasteur, poursuit l’objectif de faire de l’école une œuvre d’affranchissement intellectuel et moral, avec la collaboration des parents appartenant à toutes tendances politiques ou religieuses.

L’un de ces principes est toujours de donner aux élèves le plaisir d’apprendre en un partenariat réciproque : avant d’être inscrit, le candidat-élève subit un entretien de motivation (allons, disons le mot tabou : sélection) non pas basé sur les performances scolaires mais plutôt sur la personnalité. L’élève – et ses parents – choisit cette école et elle le choisit. L'enseignement des langues vivantes, des sports, des arts plastiques et de la musique y est valorisé.

Effectivement, ne serait-ce qu’en raison de sa localisation dans l’arrondissement le plus cher au m² de Paris, les élèves appartiennent le plus souvent à un milieu social et /ou intellectuel favorisé.

L’école est un établissement sous contrat d’association – ce qui signifie que les enseignants sont rémunérés par l’Etat. Un système de bourses totale ou partielle bénéficie à 23% des élèves.

A la fin des années 80, mes trois filles étaient scolarisées dans une école catholique située à un quart d’heure de la maison. C’est leur père qui avait choisi cette petite école élémentaire Sainte-Marie de la rue Notre-Dame des Champs, parce qu’on y pratiquait la méthode Montessori. L’école alsacienne, quelques numéros plus loin, avait bonne réputation. Nous n'avions aucune idée des personnalités qui y avaient fait leurs études ... N'oublions pas que les réseaux sociaux n'existaient pas à cette époque !

Victoire allait entrer en 6^ème, nous l’avons inscrite à l’examen et elle fut admise. La suite ne nous donna, en tant que parents, que des satisfactions. J’imagine aussi que sa vocation artistique – que nous ne pouvions, ni son père ni moi – accompagner de notre expérience, fut facilitée par un corps enseignant attentif à la vocation individuelle de chaque élève.

Ainsi Victoire devînt architecte … loin des parcours de parents tournés vers la politique et la finance ! L’année du bac, elle y rencontra son mari, et ils devînrent les heureux parents d’élèves de Hugo et Apolline, tous deux suivant à leur tour leur scolarité à l’Ecole alsacienne … La boucle est bouclée !

Des élèves favorisés, certes, mais surtout par un système pédagogique plus ouvert au monde compliqué d’aujourd’hui …