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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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9 février 2008

Affaire terminée, j'arrive ! - Chapitre 3

Chapitre 3 – Coup de foudre

 Pep94Jean : Nous avons quitté Gap en 1920, je crois, pour venir nous installer à Cannes – la Bocca, où mon père avait de grands espoirs commerciaux. Pour ce faire, il vendit son entreprise, mais il la vendit mal, et l'acheteur était par surcroît un aigrefin. A partir de là, les choses ont mal tourné, les promesses faites à mon père ne se sont pas concrétisées, la conjoncture économique avait changé et, comble de malchance, son acquéreur s'avéra définitivement insolvable. Nous étions ruinés.

Alors la vie, en cette année 1921, devint plus difficile, pour ma sœur et pour moi. Après l’école, il fallait tous les soirs aller chercher l’herbe aux lapins dans les champs, car pour améliorer l’ordinaire, mon père faisait un peu d’élevage dans le jardin attenant à notre logement.

Pendant les vacances, comme tous les enfants, nous allions cueillir les fleurs de jasmin. Comme nous étions nombreux, c'était assez gai, mais, toujours courbés, ça devenait vite lassant, surtout par temps de rosée, où nous étions vite mouillés jusqu'au ventre, et ça dure presque trois longs mois.

Le même mois de 1923 où j'ai passé mon Certificat d'Études, j'ai commencé à travailler en usine. J'ai débuté par peindre le dessous des wagons, en noir, mais pas très longtemps car c'était vraiment trop salissant pour les vêtements de travail. Après, ce fut la confection de boîtes en carton destinées à la parfumerie. Je travaillais avec un garçon, mon aîné de quelques années, qui devînt mon témoin à notre mariage. A cause du salaire, plus intéressant, je repris de l'embauche dans la peinture. De plus, le soir après la journée, voulant devenir boulanger, j'étais mitron dans notre quartier jusqu’à près de minuit. Comme paye, j'avais droit à un grand pain. Cela non plus n'a pas duré, trop fatigant pour mon âge.

Je devins alors chasseur d'hôtel, au Château Saint Georges, où étaient de passage à ce moment-là la famille Michelin ainsi que Léon Blum et son épouse, parmi beaucoup d'Anglais. Ce qui m'amena à faire la connaissance d'un groupe de jeunes couturières, qui travaillaient juste au dessus de la librairie où je venais, plusieurs fois par jour, chercher la Presse nationale et internationale. Parmi ces jeunes filles avec lesquelles nous allions danser le dimanche, ma copine Pauline amena un jour sa jeune sœur Lucie avec elle, sans m'en prévenir. Elles étaient déjà attablées lorsque j'arrivais.

 

 

1928Je ne vis que cette nouvelle personne. J'en fus totalement ébloui, ce fut un choc très fort, le coup de foudre ! A partir de ce moment, et avant même lui avoir parlé, je savais que ça irait loin. Cette merveille, c'était ma Lulu. Elle avait treize ans, mais grande, très jolie et gaie, j'avais alors seize ans.

 

 

Pour m'élever dans ma condition de chasseur, je pris des leçons d'anglais. ; ça marchait assez bien, et j'envisageais sérieusement de devenir concierge d'hôtel, l"'Homme aux clés d'or", rien de moins. Et voilà qu'un beau jour, en revenant de saluer mes parents, j'allais un peu vite en vélo, une plaque d'égout mal scellée me fait chuter. Clavicule cassée en deux endroits, deux mois de repos ... et plus de boulot. Une fois guéri, il me fallait un petit travail léger, j'en trouvai dans une confiserie de luxe, la maison Maiffret rue d'Antibes, très réputée sur la place et spécialisée dans d'époustouflantes présentations de fruits confits.

 

J'y exécutais de menus travaux quand un jour, le patron, cherchant de la place pour stocker de la marchandise, avise dans un coin de gros tonneaux de cinq cents litres, ouverts sur le dessus et dans lesquels, depuis des années, étaient versés les sirops restants des cuissons des fruits confits. Après discussion avec le chef confiseur, il est décidé de faire recuire un peu de ce mélange pour le vendre en bouteilles. Je suis chargé de l'ouvrage et, muni d'une grande louche, je puise dans les tonneaux.

 De temps en temps, j'en retire un rat : gros comme un lapin, qui s'étant laissé tomber à l'intérieur et, gorgé de sucre, était resté pris au piège délicieux. Il en ressort plat comme une galette, écrasé par le poids des couches successives de sirop. Comme nous étions pendant l'été, tout ça s'est vendu à un prix promotionnel, mais moi, je n’en ai jamais goûté. Personne ne fut malade.

Une fois la forme revenue, je trouvai un emploi dans la publicité. L'agence comptait trois employés : le patron, la dactylo pour répondre au téléphone, et moi, pour faire le boulot. Nous éditions une affiche collective de tous les programmes de cinémas et de théâtres de la ville. Je courais donc les cinémas pour les programmes et éventuellement, les clichés des films pour les remettre à l'imprimeur. Après, je distribuais les affiches chez les commerçants et le temps qui me restait, je cherchais des emplacements à travers la ville, et sur ces emplacements loués à l'année par contrat en bonne et due forme, je collais mes affiches.

 

 

Cela n'a pas duré bien longtemps, car vint une période où tous les grands hôtels de la Croisette durent se moderniser, suite à la construction de l'hôtel Majestic. Nous faisions beaucoup d'heures de travail, parfois 16 heures par jour, dont beaucoup payées double, ce qui, tout en donnant ma paye normale à la maison, me faisait un peu d'argent de poche.

 

 

Je voyais régulièrement ma petite Lulu, et comme nous étions d'accord pour nous marier, il fallait bien que je me présente à sa famille. Rendez-vous pris, je me rends à sa maison, mais alors, avant de taper à la porte, je les ai essuyés quelques fois, mes pieds !

 

 

L’accueil fut chaleureux, le papa me trouvant quand même un peu jeune, mais comme ce n'était pas pour tout de suite, je fus admis dans la famille. Lulu suivait les cours de l'école Pigier. Le soir, nous faisions les devoirs ensemble, en obligeant sa mère, fatiguée d'une longue journée, à nous tenir compagnie.

A suivre par ICI

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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