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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
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16 mars 2016

Ce qu'il reste de nuit : Lokiss, un portrait par Sophie Pujas

 

Sophie Pujas

Voici le portrait poétique, incandescent autant qu’incantatoire d’un artiste contemporain, autrefois briseur de codes mais qui devient incontournable dans sa spécialité : le graffiti.

Ecrire le portrait d’un peintre, quel paradoxe ! … On sent l’auteure fascinée au cours de l’interview et, de fait, elle parvient à arracher à son sujet d'étude des confidences très personnelles, sans doute impossibles à retranscrire dans le cadre trop concis d’une publication à vocation artistique … Car le « modèle » est prolixe, mais ne découvre que ce qu’il veut bien livrer.

Prévert nous donnait des conseils « Pour faire le portrait d’un oiseau ». Sophie Pujas, qui ressemble à l’héroïne Lex d’Arturo Perez-Reverte dans « La patience du franc-tireur », nous fait partager les angoisses, les contradictions, les enthousiasmes et les déprimes de Vincent Elka, ou Lokiss (qui dispose de bien d’autres alias …), un des maîtres du Street Art de sa encore jeune génération. Elle a du style, c’est certain, mais on perçoit son secret désir de dépasser, par le sublime de l’écriture, la performance du peintre. Une sorte de challenge intellectuel.

Le Street Art comporte des codes, des mythologies, des secrets, des délires difficilement accessibles (au sens propre comme au sens figuré) aux personnes d’un certain âge (le mien, par exemple !). Son caractère éphémère surprend, mais ses décors accrochent le regard, dérangent, remuent les tripes. Son essence, transgressive par nature, heurte la bien-pensance, au même titre que les films catastrophes, le mélange du médiéval et de la science-fiction, mais comme jadis aussi les scènes d’Apocalypse des églises romanes ou la violence d’une délinquance artistique refusant d’être récupérée. Encore que …

 

Lokiss

Lokiss est aujourd’hui un personnage reconnu. Même s’il fustige toujours "un art obéissant, sans scandale, sans sexe, sans vague", il expose aujourd’hui sur la rive droite, loin des bétons tagués de La Chapelle ou des wagons de la SNCF : il est à la Galérie Celal jusqu’au mois d’avril, la parution de cet opuscule n’est sans doute pas due au hasard !

Mégalomane, dissident, agressif ("Les dents, ça se casse", écrit-il à un journaliste) mais pas à une contradiction près : il voudrait que toute culture soit gratuite mais a aussi besoin de vivre de son art. Comme les plus grands, il s’imprègne  d’influences – Kupka, Delaunay dans ses premières manières -  il a ses périodes, change de supports – l’acier inox, par exemple - touche au cinéma, s’invente un double féminin, Ana Vocéra : elle exprime sa part sauvage, asociale, irréductible. C’est elle qui écrit « Ce qu’il reste de nuit ».

 

inox

Lokiss est un peintre de notre temps. Sombre, violent, tempétueux, rancunier, autodestructeur. Son portrait montre aussi ses félures, sa soif d'amour et de reconnaissance. De quoi me donner naturellement l’envie de le découvrir, mieux qu’à travers les quelques reproductions qui illustrent ce livre.

Après tout, Keith Harding et Jean-Michel Basquiat ont, eux aussi, commencé dans la rue …

 

 

 

Ce qu’il reste de nuit, Lokiss, un portrait de Sophie Pujas, édité par Buchet/Chastel - 106 p., 12€

Commentaires
M
Beau titre, en tous cas.
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